Le grand film de la semaine s'appelle THE PAPER, il est réalisé par Steven Spielberg et interprété par Meryl Street et Tom Hanks qui n'ont jamais joué ensemble. Face aux intimidations du régime fasciste de Donald Trump vis-à-vis des organes de presse de son pays, l'importance du film sur les "Pentagon Papers" ne pourrait être plus grande. Le reste de la programmation est plutôt mitigé, mais NORMANDIE NUE de Philippe Le Guay et le documentaire HUMAN FLOW de Ai Weiwei sortent du lot. Quelques avant-pemières juteuses néanmoins, à Utopia, où vous aurez l'occasion de voir le sublime THE SHAPE OF WATER de Guillermo del Toro et le nouveau Woody Allen WONDER WHEEL avant tout le monde. Jean-Pierre THILGES
Le film de la semaine
THE POST
Titre français: Pentagon Papers
Drame politique
Réalisateur: Steven Spielberg
Avec Meryl Streep, Tom Hanks, Sarah Paulson, Bon Odenkrik, Bradley Whitford, Bruce Greenwood, Michael Stuhlbarg
Scénaristes: Liz Hannah, Josh Singer
d'après des faits réels
Directeur/Photo: Janusz Kaminski
Musique: John Williams
USA 2017, 115 minutes
En 1971, Ben Bradlee, rédacteur en chef du Washington Post est informé de l’existence de documents secrets sur l’implication politique et militaire des États-Unis dans la guerre du Vietnam. Comprenant l’énorme impact que peut avoir cette nouvelle pour la relance du journal, il contacte Katharine Graham, l’éditrice, qui tergiverse sur la décision à prendre. Entre-temps, le département américain de la Justice a tôt de fait de bloquer la diffusion, par le New York Times de ces informations considérées comme un risque pour la sécurité nationale. Loin de se laisser intimider, Bradlee met la main sur les 47 volumes de l’étude du département de la Défense grâce à une taupe et entreprend secrètement, avec son équipe de journalistes, la publication d’une série de reportages...(Régie du Cinéma Québec)
Le film reprend les évènements qui ont mené à une décision historique de la Cour suprême des États-Unis sur la liberté de la presse et le droit à l’information. Précurseurs du scandale du Watergate, les articles-chocs du Washington Post ont permis de dénoncer les malversations politiques du président Nixon, malversations qui l’obligeront à démissionner en 1974. (Régie Québec)
- Face à ce que Trump et son régime fasciste sont en train de faire en Amérique pour museler voire anéantir la presse libre aux USA, l'arrivée sur les écrans de ce nouveau film de Steven Spielberg est d'une importance majeure, compte tenu de l'affaire sulfureuse qu'il relate. La série des grands films continue donc semaine après semaine et ce n'est pas nous qui nous en plaindrons!
- Steven Spielberg’s “The Post” throttles along in a pleasurably bustling, down-to-the-timely-minute way. It’s a heady, jam-packed docudrama that, with confidence and great filmmaking verve (though not what you’d call an excess of nuance), tells a vital American story of history, journalism, politics, and the way those things came together over a couple of fateful weeks in the summer of 1971. That’s when The New York Times, followed by The Washington Post, published extensive excerpts from the Pentagon Papers: the top-secret government history of the Vietnam War that revealed, for the first time, the lies told to the American people about U.S. involvement in Indochina dating back to 1945. (Most destructive lie: the hiding of the fact that U.S. leaders knew the war was a losing battle.) (..) The movie becomes a multi-stranded tale of journalistic triumph, with Graham movingly arriving at the realization that she’s not just the caretaker of her late husband’s company; it’s her company. The decision to publish the Papers becomes nothing less than an assertion of democracy, made all the more potent when newspapers across the land publish in solidarity. The press — the media — becomes greater than the sum of its parts. But that’s because it always was. The Pentagon Papers marked an iconic moment in American history: the press claiming its own freedom to call out the excesses of power. “The Post” celebrates what that means, tapping into an enlightened nostalgia for the glory days of newspapers, but the film also takes you back to a time when the outcome was precarious, and the freedoms we thought we took for granted hung in the balance. Just as they do today. (Owen Gleiberman/Variety)
NORMANDIE NUE
Comédie dramatique
Réalisateur: Philippe Le Guay
Avec François Cluzet, Toby Jones, François Xavier-Demaison
Scénaristes: Philippe Le Guay, Olivier Dazat, Victoria Bedos
Directeur/Photo: Jean-Claude Larrieu
France 2018, 105 minutes
Au Mêle sur Sarthe, petit village normand, les éleveurs sont touchés par la crise. Georges Balbuzard, le maire de la ville, n’est pas du genre à se laisser abattre et décide de tout tenter pour sauver son village… Le hasard veut que Blake Newman, grand photographe conceptuel qui déshabille les foules, soit de passage dans la région. Balbuzard y voit l’occasion de sauver son village. Seulement voilà, aucun Normand n’est d’accord pour se mettre à nu…
Par le réalisateur de "Alceste à bicyclette" et "Les femmes du 6e étage".
- La réussite de la réalisation de Philippe Le Guay tient à cette cohésion permanente du récit malgré une succession de séquences disparates et surprenantes. (Positif) Crise paysanne, pollution par les pesticides, souffrance animale, évoqués parfois un peu rapidement, forment l’arrière-plan de cette comédie sociale éclairée par une belle solidarité, des dialogues percutants et un soleil qui coule à flots sur la Basse Normandie filmée lors d’un éclatant printemps. (La Croix) Si le début du film fait un peu peur, l’émotion finit par s’imposer, tant le réalisateur assume à la fois le comique et le pathétique de la situation. (Télérama)
HUMAN FLOW
Documentaire
Réalisateur: Ai Weiwei
Allemagne/Italie 2o17, 140 minutes
Festival de Venise 2017
Plus de 65 millions de personnes ont été contraintes de quitter leur pays pour fuir la famine, les bouleversements climatiques et la guerre : il s'agit du plus important flux migratoire depuis la Seconde Guerre mondiale. Réalisé par l’artiste de renommée internationale Ai Weiwei, HUMAN FLOW aborde l'ampleur catastrophique de la crise des migrants et ses terribles répercussions humanitaires.
Tourné sur une année dans 23 pays, le documentaire s'attache à plusieurs trajectoires d'hommes et de femmes en souffrance partout dans le monde – de l'Afghanistan au Bangladesh, de la France à la Grèce, de l'Allemagne à l'Irak, d'Israël à l'Italie, du Kenya au Mexique en passant par la Turquie. HUMAN FLOW recueille les témoignages des migrants qui racontent leur quête désespérée de justice et de sécurité. Ils nous parlent des camps de réfugiés surpeuplés, de leurs périples en mer à très haut risque, des frontières hérissées de barbelés, de leur sentiment de détresse et de désenchantement, mais aussi de leur courage, de leur résilience et de leur volonté d'intégration. Ils évoquent la vie qu'ils ont dû abandonner et l'incertitude absolue d'un avenir meilleur.
HUMAN FLOW arrive sur les écrans au moment même où l'humanité a plus que jamais besoin de tolérance, de compassion et de confiance en l'autre. Il témoigne de la force spirituelle de l'homme et nous interroge sur l'une des questions essentielles à notre époque : la société mondialisée parviendra-t-elle à s'extraire de la peur, de l'isolement et du repli sur soi ? Saura-t-elle se tourner vers l'ouverture aux autres, la liberté et le respect des droits de l'homme?
BRILLANTISSIME
Comédie
Réalisatrice: Michèle Laroque
Avec Michèle Laroque, Kad merad, Françoise Fabian, Gérard Darmon, Rossy de Palma
Scénaristes: Michèle Laroque, Benjamin morgaine, Lionel Dutemple
Directeur/Photo: Kika Ungaro
Musique: Alex Beaupain
France 2018, 95 minutes
Angela pense avoir une vie idéale. Elle vit à Nice, dans un bel appartement, avec un beau mari et une charmante ado. Mais le soir de Noël, sa fille la laisse pour rejoindre son petit copain, son mari la quitte et sa meilleure amie préfère prendre des somnifères plutôt que de passer la soirée avec elle. Le choc ! Angela n’a plus d’autre choix que celui de se reconstruire... et ce n’est pas simple avec une mère tyrannique, une meilleure amie hystérique et un psy aux méthodes expérimentales...
"Comédie" française, dont ceux qui l'ont vue me disent que la vie est trop courte pour des films "comme ça". Surtout qu'il y a plein de vraies bonnes choses à voir pour le moment.
- Dans la vie d’Angela, une riche Niçoise, son mari, ses enfants… tout le monde s’en va. Mais c’est vrai que ce premier film de Michèle Laroque, insipide et baclé, donne plutôt envie de fuir. (Télérama) Ces dernières années on a ainsi pu voir de beaux portraits de femmes (...). Ce qui n’est pas le cas de Brillantissime qui ne s’embarrasse d’aucune réactualisation et reconduit la bonne vieille recette de la comédie romantique où le célibat est vécu comme une maladie (...). (Le Monde)
Belval goes Bollywood
PADMAVAAT
Drame historique
Réalisateur: Sanjay Leela Bhansali
Avec Deepika Padukone, Aditi Rao Hydari, Ranveer Singh
Scénaristes: Prakash Kapadia, Snjay Leela Bhansali
Inde 2017, 160 minutes
La légende de Padmavati, reine de Mewar au début du 14ème siècle. Elle était connue bien sûr pour sa beauté, mais surtout pour son courage face à l’envahisseur qui assiégeait son royaume...
Grosse controverse en Inde, où la sortie du film (prévue en décembre) avait provoqué des émeutes. Des groupes hindous ont par ailleurs demandé l'interdiction pure et simple du film, ce que le comité de censure indien a refusé de faire. Le film sort au Luxembourg au même moment où il arrive sur les écrans indiens.
Séance spéciale en présence de l'équipe du film
Ciné Utopia, mercredi 24.1. à 19 h.
LAISSEZ BRONZER LES CADAVRES
Thriller, film d'action
Réalisateurs: Hélène Cattet, Bruno Forzani
Avec Elina Löwensohn, Stéphane Ferrara, Bernie Bonvoisin, Hervé Sogne
Scénaristes: Hélène Cattet, Bruno Forzani
d'après le roman de Jean-Pierre Bastid et Jean-Patrick Manchette
Directeur/Photo: Manu Dacosse
France/Belgique 20187, 90 minutes
Toronto Intl. Film Festval 2017
Locarno Film Festival 2017
Mélies d'Argent - Festival du Film Fantastique de Strasbourg 2017
La Méditerranée, l’été : une mer d’azur, un soleil de plomb… et 250 kilos d’or volés par Rhino et sa bande! Ils ont trouvé la planque idéale : un village abandonné, coupé de tout, investi par une artiste en manque d’inspiration. Hélas, quelques invités surprises et deux flics vont contrecarrer leur plan : ce lieu paradisiaque, autrefois théâtre d’orgies et de happenings sauvages, va se transformer en un véritable champ de bataille… impitoyable et hallucinatoire !
- Chaque plan est une merveille de cadrage tout en s'inscrivant dans une dynamique pétaradante qui emprunte à l'esthétique du western spaghetti, à Sam Peckinpah et aux polars violents des années soixante-dix. (Positif) La quête folle de l’or devient quasi métaphysique, et la passion pour le giallo des Cattet-Forzarni est libre de tout entrave : gros plans, images psychédéliques, musique de Morricone époque 1970, le film vire au western-spaghetti dans un bruit d’orchestre défoncé au LSD. (Les Inrocks) Tout ramène à la création dans ce faux film d’action qui tend vers l’action painting et vise l’énergie d’un geste artistique brutal, en stylisant le polar jusqu’à l’abstraction. (Télérama)
Ciné Breakfast, dimanche matin à Utopia
Un des plus beaux films de ma vie!
THE SHAPE OF WATER *****
Titre français: La forme de l'eau
Réalisateur: Guillermo del Toro
Avec Sally Hawkins, Michael Shannon, Richard Jenkins, Doug Jones, Michael Stuhlbarg, Octavia Spencer
Scénaristes: Guillermo del Toro, Vanessa Taylor
Directeur/Photo: Dan Lauststen
Musique: Alexandre Desplat
USA 2017, 123 minutes
Lion d'Or Festival de Venise 2017
Toronto International Film Festival 2017
London Film Festival 2017
Golden Globes 2018 - meilleur réalisateur
SAG Awards 2018 - meilleur réalisateur
Modeste femme de charge dans un laboratoire gouvernemental ultrasecret, Elisa mène une existence morne et solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres…
- Oui, le résumé est très court...et il ne faut vraiment rien savoir de plus pour aborder cette pure merveille découverte au Festival de Toronto en Septembre dernier. Autant vous le dire tout de suite, parmi tous les films vus au cours de ma carrière de cinéphile, THE SHAPE OF WATER est entré d'emblée au panthéon des films dits "desert island movies", où le chef d'oeuvre de Guillermo del Toro se retrouve aux côtés de diamants comme SINGIN' IN THE RAIN, HATARI!, RIO BRAVO, SUNRISE, THE GENERAL, CITY LIGHTS, 2001 - A SPACE ODYSSEY, LA GRANDE ILLUSION et SUNSET BOULEVARD. Je ne veux vraiment pas vous en dire davantage, c'est un film tellement riche en découvertes, une oeuvre follement cinéphile, qu'il faut absolument la recevoir en pleine poire. THE SHAPE OF WATER est - pour moi - le meilleur film vu en 2017, le meilleur film vu au 21e siècle et une des plus belles toiles de tous les temps. Celui qui n'aime pas ce film, n'aime tout simplement pas le cinéma. (jpt)
Ciné Breakfast, Dimanche matin à Utopia
WONDER WHEEL
Comédie dramatique
Réalisateur, scénariste: Woody Allen
Avec Kate Winslet, James Belushi, Justin Timberlake, Juno Temple
Directeur/Photo: Vittorio Storaro
USA 2017, 101 minutes
Ancienne actrice, Ginny travaille maintenant comme serveuse dans un restaurant établi sur le site d’un parc d’attractions à Coney Island où elle habite avec son mari Humpty, un opérateur de manège, et son jeune fils qui lui cause des soucis. À l’approche de la quarantaine, elle est lasse de son quotidien monotone et envisage l’avenir avec une certaine amertume. Cependant, une rencontre fortuite sur la plage vient tout remettre en question. Mickey, un séduisant maître-nageur, suscite un regain d’intérêt chez Ginny qui s’amourache de lui. L’entrée en scène de la fille de Humpty, qui fuit un mari mafieux, provoque toutefois un nouveau déséquilibre dans sa vie...(Résumé: Régie du cinéma Québec)
- Ne trouvant plus l'argent nécessaire au financement de ses films, Woody Allen (qui se retrouve également en plein milieu de la polémique "Me too") doit désormais se tourner vers Amazon Studios pour monter ses films. Longtemps célébré comme un des cinéastes les plus prolifiques aux USA et dans le monde, Allen est désormais renié et vilipendé par toute une série d'actrices qui - jadis - ont été plus qu'heureuses d'apparaître dans ses films et - pour beaucoup d'entre eux - de récolter des récompenses prestigieuses. Avec toute la compréhension qu'on peut apporter au lever de boucliers (justifié!) des femmes dans l'univers de l'entertainment américain, la question reste posée: Faut-il vraiment jeter à la poubelle la carrière entière de ce génie du cinéma américain? Tout comme celles d'autres grands cinéastes? (jpt)
- Fidèle à ses thèmes de prédilection, le cinéaste Woody Allen brode des histoires d’amour contrariées qu’il teinte de nostalgie. Autour de la protagoniste gravitent des personnages secondaires souvent colorés dont les tirades sur les traditions, la religion et les questionnements moraux, mâtinées de l’humour allenien, seront familières aux inconditionnels du prolifique réalisateur. (Régie Québec)
- Woody Allen films now come in three essential flavors, or maybe it just comes down to three levels of quality. Once in a blue jasmine moon, he comes up with an enthralling act of high-wire inspiration, like “Match Point” or “Blue Jasmine,” that proves that he can still be as major as any filmmaker out there. Then there are the quaintly crafted, phoned-in mediocrities, like “Café Society” or “To Rome with Love,” where the jokes feel old and the situations older, like the Woody Allen version of paint by numbers. But then there are the middle-drawer Allen films that still percolate with energy and flair, like “Bullets Over Broadway” or “Vicky Cristina Barcelona.” They’re too baubly and calculated to be great, with each Woody trope locking into place, yet damned if they don’t hold you and even, in their way, add up to something (even if it’s ultimately something minor). “Wonder Wheel” is one of those movies. Set in Coney Island in 1950, it’s a bit too tidy and programmed in a well-made-play-from-the-postwar-era kind of way. Yet it’s more than a therapy session with antiquated wisecracks. It’s got movement and flow, it’s got a vibrant sunset look of honky-tonk nostalgia, and it’s got a bittersweet mood of lyrical despair that the film stays true to right up until the final note. It’s also strikingly acted by a cast of players who don’t just walk through the Woody motions (though at least three of them can be caught doing the stutter); they grab their roles and charge them with life. “Wonder Wheel” isn’t a comedy — on the contrary, it often feels like the most earnest kitchen-sink drama that Clifford Odets never wrote. It may or may not turn out to be an awards picture, but it’s a good night out, and that’s not nothing. (Owen Gleiberman/Variety)
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