J'espère que vous croyez encore à Saint Nicolas, parce qu'il vous ramène plein de bonnes choses sur le dos de son âne. Entre le merveilleux et cinq étoiles LA VILLA de Robert Guédiguian, le très acerbe et quatre étoiles SUBURBICON de George Clooney et LES GARDIENNES de Xavier Beauvois, dont même l'affiche me donne la chair de poule, vous pouvez être sûr et certain que le Père Fouettard ne sera pas de la partie cette fois. Pour compléter le tableau, sachez que MURDER ON THE ORIENT EXPRESS de Kenneth Branagh entre désormais dans toutes les gares, tandis que Alain Chabat donne la part belle au Père Noël dans SANTA & CIE. Allez, déballez vos cadeaux! Jean-Pierre THILGES
LA VILLA *****
Comédie dramatique
Réalisateur: Robert GUÉDIGUIAN
Avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Jacques Boudet, Anaïs Demoustier, Robinson Stévenin
Scénaristes: Robert Guédiguian, Serge Vlletti
Directeur/Photo: Pierre Milon
France 2017, 107 minutes
Sélection officielle, Festival de Venise; Toronto International Film Festival
- Pour son vingtième film, Guédiguian rassemble sa troupe, ses thèmes et filme, en hiver, dans une calanque idéale, une histoire de rêve d’hier, solidaire et généreux, qui, avec le monde défait et des réfugiés échoués, se réinvente aujourd’hui. (Bande à part) On est frappé, dès le prologue, par la précision et l’économie narrative qui noue le récit en quelques plans. Et qui fait tomber une émotion profonde, comme une chape, qui ne quittera plus le film. (Cahiers du Cinéma) Guédiguian retrouve son Estaque, ses comédiens et ses thèmes de prédilection. Mais insensiblement, il a évolué depuis “La Ville est tranquille” : une mélancolie apaisée a remplacé le désespoir. Et c’est toujours aussi fort, émouvant et beau. (Les fiches du cinéma) Le communisme maritime de Guédiguian a plus que jamais les atours de la rêverie et les contours du réel, entre la mer et la scène. (...) Dans ses vieux filets de pêche brillent des éclats d’avenir et quelques sanglots. (Libération) Le risque du mélodrame, le goût de la fable morale, certes, mais aussi la justesse des émotions, la liberté narrative et formelle. C'est peut-être [le] film [de Robert Guédiguian] le plus maîtrisé et le moins formaté (...). (Positif) Que faire de ces enfants ? Que faire du resto ? Qui pour s’occuper du vieux père ? Partir ou rester ? Autant de questions qui émergent de ce récit choral, fluide, dont l’action est habilement relancée par plusieurs épisodes dramatiques. (Télérama) Un film délicat sur le temps qui passe. (Le Monde)
SUBURBICON ****
Titre français: Bienvenue à Suburbicon
Comédie dramatique, policière
Réalisateur: George CLOONEY
Avec Matt Damon, Julianne Moore, Noah Jupe, Glenn Fleshler
Scénaristes: George Clooney, Grant Heslov, Joel & Ethan Coen
Directeur/Photo: Robert Elswit
Musique: Alexandre Desplat
USA 2017, 104 minutes
Festival de Venise 2017
Toronto International film Festival 2017
Édifiée en 1947, "Suburbicon" est une banlieue américaine typique qui connaît un essor important tout au long des années 1950. La construction d’un hôpital, d’un centre commercial, d’un poste de police et d’une caserne de pompiers attire de nombreux nouveaux résidents qui désirent bénéficier d’un environnement paisible et sécuritaire. À l’arrivée des Meyers, une famille afro-américaine, le voisinage, inquiet, est sous le choc. Plusieurs vont manifester leur désaccord au conseil de ville tandis que d’autres recourent au vandalisme et à la violence. Pendant ce temps, dans la maison voisine, la famille de Garner Lodge est prise en otage en pleine nuit par de dangereux bandits. Soudainement, la vie à "Suburbicon" devient beaucoup moins sereine...(Résumé: Régie du Cinéma, Québec)
Si LOGAN LUCKY de Steven Soderbergh est la première (bonne) comédie de la malencontreuse "ère Trump", SUBURBICON de George Clooney (co-écrit par les Frèes Coen, ce qui se voit dès les premières séquences) est le premier film que l'Amérique de "l'ère Trump" mérite tous azimuts. Bien que l'histoire (plus rocambolesque, tu meurs) joue dans l'Amérique des années 1950 (racisme, anti-communisme, paranoïa nucléaire), George Clooney nous renvoie à la situation actuelle à Trumpland, qui - vous en conviendrez - est sur le point de devenir nettement plus pire (comme ne disent pas les Français). Polar, comédie, satire, allégorie politique ou magistral foutage de gueule - à vous de choisir dans quelle catégorie vous voulez ranger SUBURBICON. Et puis, Matt Damon et Julianne Moore jouent des rôles qui sortent de leur ordinaire. Et non, Mesdames, George ne joue pas dans le film. Comme Trump ne va pas au cinéma, il n'a pas encore tweeté (ou twitteré?) sur le film. Quatre étoiles méritées. Encore un film délicieux découvert à Toronto, le festival "relax", où je ne manquerai pas de retourner en 2018.
- L’acteur George Clooney réalise une satire sociale sur fond de ségrégation raciale campée dans l’Amérique des années 1950. Le récit entend dénoncer l’hypocrisie d’une époque pas si lointaine et faire écho à certains événements de l’actualité contemporaine. La banlieue est un lieu idéalisé qui sous son vernis lustré, recèle des secrets ténébreux insoupçonnés.(Régie du Cinéma Québec)
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The names Joel and Ethan Coen pop up on a lot of screenplays these days (“Bridge of Spies,” “Unbroken”), now that they’re getting credit for the kind of script-polishing they used to do anonymously. But “Suburbicon” marks the first time a script that could have been a full-blown Coen brothers film has been brought to the screen by someone else. The movie, directed by George Clooney, who along with his partner Grant Heslov re-wrote an old unproduced Coen brothers script (all four are now credited), stars Matt Damon as a dour, weaselly, amateur family-man criminal in the U.S. suburbs of 1959, and it’s clearly a close cousin to “Fargo. There are moments when you can taste the heightened comic spin that the Coens, as filmmakers, would have brought to the material. They would surely have made a bigger fetish of the Atomic Age trappings and decor (the way they did with the mid-’60s Midwestern Jewish visual detail of “A Serious Man”), and each time the blustery vulgarian Uncle Mitch (Gary Basaraba) showed up on screen, I couldn’t help but imagine him played by an actor like Michael Lerner or the late Jon Polito.Yet Clooney, in taking over what might once have been a signature Coen project, was right to make the material his own; he tailors it to his own less cheeky, more personal temperament. The film opens with a satirical kitsch documentary prologue that introduces Suburbicon, a community that has drawn people from different regions of the country (all of whom look like they stepped out of the same white-bread Norman Rockwell painting), celebrating it as a cookie-cutter American paradise. But then the movie settles down and becomes a straight-up, rather grubby film noir — and taken on those terms, as a period-piece “Fargo” with more sleaze and less irony, it’s a lightly sneaky and entertaining movie. (Owen Gleiberman/Variety)
LES GARDIENNES
Drame
Réalisateur: Xavier BEAUVOIS
Avec Nathalie BAYE, Laura Smetz, Iris Bry, Olivier Rabourdin
Scénaristes: Xavier Beauvois, Frédérique Moreau, Marie-Julie Maille
d'après le roman de Ernest Pérochon
Directeur/Photo: Caroline Champetier
Musique: Michel Legrand
France 2017, 134 minutes
Sélection officielle, Toronto International Film Festival 2017
1915. A la ferme du Paridier, les femmes ont pris la relève des hommes partis au front. Travaillant sans relâche, leur vie est rythmée entre le dur labeur et le retour des hommes en permission. Hortense, la doyenne, engage une jeune fille de l'assistance publique pour les seconder. Francine croit avoir enfin trouvé une famille...(Résumé: Pathé Distribution)
En découvrant l'affiche des GARDIENNES, j'ai tout de suite pensé à celle du magnifique SUNSET SONG de Terence Davies, dont j'ai eu le privilège de faire les sous-titres français (voir affiche ci-dessous) et dont l'histoire se passe à la même époque. Le film a eu sa première mondiale au Festival de Toronto où, hélas, je l'ai loupé parce qu'il y avait tout simplement trop de belles choses à voir et que les journées n'ont malheureusement que 24 heures, même au Canada. Le réalisateur de DES HOMMES ET DES DIEUX (Grand-Prix à Cannes, que j'avais adoré) plonge donc dans l'univers de la Première Guerre mondiale pour raconter cette belle histoire des femmes qui prennent la place des hommes dans les champs, alors que leurs maris, frères ou petits-amis sont partis au front. Il est intéressant que c'est la première fois (au cinéma) que Nathalie Baye et sa fille Laura Smet jouent ensemble.
- A war movie where the battles are fought far from home but resonate deeply with those who’ve been left behind, The Guardians (Les Gardiennes) marks a satisfyingly low-key return to form for French auteur Xavier Beauvois (Of Gods and Men, Le Petit lieutenant). Straightforward and simply told, with emotions running just below the surface and then boiling up at key moments, this femme-centric drama — about a group of women holding down the family farm while the men are away at the front — is perhaps a tad too long and restrained for mainstream consumption. But it proves that Beauvois still masters his uniquely classical brand of filmmaking, coaxing strong performances out of veteran Nathalie Baye and newbie Iris Bry, who makes an impressive screen debut. (Jordan Mintzer/Hollywood Reporter)
L'affiche de SUNSET SONG
MURDER ON THE ORIENT EXPRESS
Titre français: Le crime de l'Orient-Express
Thriller policier
Réalisateur: Kenneth BRANAGH
Avec Kenneth Branagh, Johnny Depp, Michelle Pfeiffer, Josh Gad, Derek Jacobi, Penélope Cruz, Willem Dafoe, Judi Dench
Scénariste: Michael Green
d'après le roman d'Agatha Christie
Directeur/Photo: Haris Zambarloukos
Musique: Patrick Doyle
GB/USA 2017, 114 minutes
En 1934, le réputé détective belge Hercule Poirot, reconnu pour son implacable sens de l’observation, est appelé à résoudre un meurtre commis à bord de l’Orient-Express en direction de Londres. Au cours du voyage, quelque part entre minuit et deux heures du matin, un riche homme d’affaires américain a été assassiné dans sa cabine à l’arme blanche. Tous les passagers, désormais coincés dans le convoi déraillé des suites d’une avalanche, sont considérés comme suspects. Examinant les indices et procédant à des interrogatoires, Poirot constate de nombreuses contradictions et anomalies. Pour démasquer le meurtrier, il doit répondre à la question suivante : à qui profite le crime? (Résumé: Régie du Cinéma, Québec)
Après avoir signé un magnifique CINDERELLA pour le compte de Disney, l'acteur-réalisateur britannique Kenneth Branagh délaisse une fois de plus les sonnets de Shakespeare pour se consacrer à un remake somptueux du film homonyme de 1974, jadis réalisé par Sidney Lumet avec une distribution tout aussi prestigieuse. Du cinéma d'une autre époque certes, mais cela se regarde avec plaisir. C'est toujours ça de gagné.
- Over the course of his 28-year directing career, Kenneth Branagh has adapted everything from literary classics (Shakespeare’s “Henry V”) to comicbook pulp (putting a distinctive Dutch-angle slant on Marvel’s “Thor”). Now, with “Murder on the Orient Express,” the audacious multi-talent forsakes brows both high and low in favor of the most extravagant mustache moviegoers have ever seen: a flamboyant spun-sugar swirl of silvery whiskers better suited to a circus strongman, or perhaps a turn-of-the-century unicycle salesman — than Agatha Christie’s beloved Belgian sleuth. “My name is Hercule Poirot, and I am probably the greatest detective in the world,” Branagh pronounces from behind his elaborate lip toupee — which the crew called “the Badger,” seeing as how the furry salt-and-pepper pelt transforms the actor’s mug into a muzzle of sorts. From a character perspective, such ostentatious facial hair is clearly compensating for something (not intellect, for Poirot is notoriously gifted when it comes to using his “little grey cells”), though it requires an actor who is completely confident in his own abilities to pull off, as a lesser thespian might be upstaged by it entirely. (Peter Debruge/Variety)
SANTA & CIE
Comédie
Réalisateur, scénariste: Alain CHABAT
Avec Alain Chabat, Golshifteh Farahani, Pio Marmai, Audrey Tautou
Direceteur/Photo: Antoine Sanier
Musique: Matthieu Gonet
France 2017, 95 minutes
Rien ne va plus à l'approche du réveillon : les 92 000 lutins chargés de fabriquer les cadeaux des enfants tombent tous malades en même temps ! C'est un coup dur pour Santa (Claus), plus connu sous le nom de Père Noël... il n'a pas le choix : il doit se rendre d'urgence sur Terre avec ses rennes pour chercher un remède. À son arrivée, il devra trouver des alliés pour l'aider à sauver la magie de Noël...(Résumé: Gaumont Distribution)
Alain Chabat avait décidé de faire une pause après "Sur la piste du Marsupilami" sorti en avril 2012 pour prendre du recul. Le réalisateur se rappelle ainsi avoir été assez "relax" quand, à Noël 2015, cette histoire de Père Noël est venue à lui. Il explique : "J'ai commencé à l’écrire pour m’amuser. Et je me suis pris au jeu. Le scénario a pris forme et, avec mon producteur Alain Goldman, on a décidé de très vite se lancer dans l’aventure de la fabrication de ce film. Finalement, du 25 décembre 2015 - date de la première ligne d’écriture - au 6 Décembre 2017 - la sortie en salles - il s’est passé moins de 2 ans. C’est la première fois que je vais aussi vite pour faire aboutir un projet de film." (Extrait du dossier de presse)
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