En voilà une semaine de cinéma à vous donner le vertige. Entre les sorties normales (Loving Vincent, You were never really here, Justice League, Maryline, The Snowman), les séances spéciales (Western, M) et la Coco Party Dimanche au Kirchberg, tout un chacun de nos lecteurs devrait trouver chaussure à son pied dès mercredi. Cela dit, si vous ne trouvez rien qui chatouille vos papilles cinéphiles, il faudra sans doute commencer à collectionner des timbres-poste. Jean-Pierre THILGES
Un film de la semaine, parmi tant d'autres
LOVING VINCENT
Titre français: La passion Van Gogh
Film d'animation biographique, peint à la main
Réalisateurs, scénaristes: Dorota KOBIELA, Hugh WELCHMAN
Avec les voix (v.o.) de Douglas Booth, Chris O'Dowd, Saoirse Ronan, Jerome Flynn, Eleanor Tomlinson, Aidan Turner, Robert Gulaczyk
Directeurs/Photo: Tristan Olover, Lukasz Zal
Musique: Clint Mansell
GB/Pologne 2017, 95 minutes
Prix du Public, Festival du Film d'Animation, Annecy 2017
- Éblouissant et éducatif pour le public. Ce n'est pas pour rien que La Passion Van Gogh a remporté le Prix du public en juin au Festival du film d'animation d'Annecy : le film est beau comme un tableau du grand Vincent et nous apprend énormément de choses sur le peintre (...) (Le Parisien)
- Palpitant comme une enquête de Columbo, traversé de flashbacks en noir et blanc aussi beaux que les passages en couleur, le film concilie beauté et suspense, poésie et documentaire. Pari gagné haut le pinceau. (Première)
- Véritable défi aux techniques d’animation, "La Passion Van Gogh" de Dorota Kobiela et Hugh Welchman ressuscite le peintre en donnant vie à sa peinture. Envoûtant. (Bande à part)
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Stand in front of a painting by Vincent van Gogh for more than five minutes, and your brain starts to react in strange ways. Even today, more than a century after the artist’s death, the brushstrokes pack an almost psychedelic energy, vibrating with an intensity that seems to have sprung directly from van Gogh’s tortured personal life. Now imagine staring at one of these paintings for 90 minutes straight — or crazier still, watching a series of them actually start to move. Such was the vision Polish animator Dorota Kobiela had for “Loving Vincent,” a truly awe-inspiring portrait of the great Dutch artist that boasts the distinction of being “the world’s first fully painted feature film.” That means every one of the nearly 65,000 frames in this near-lunatic labor of love was rendered by hand with oil paints, following a style intended to mimic that of the master — which has precisely the effect you might imagine, pulling audiences into the delirious, hyper-sensual world suggested by van Gogh’s oeuvre. (Peter Debruge/Variety)
Titre français (ne riez pas): A Beautiful Day
Réalisatrice, scénariste: Lynne RAMSAY
Avec Joaquin Phoenix, Ekaterina Samsonov, Alessandro Nivola, John Doman
D'après le roman de Jonathan Ames
Directeur/Photo: Thomas Townend
Musique: Jonny Greenwood
GB/France/USA 2017, 90 minutes
Festival de Cannes 2017: Meilleur acteur/Joaquin Phoenix; meilleur scénario
- Il est curieux que le jury du dernier Festival de Cannes ait choisi de récompenser Lynne Ramsay pour le scénario très mince de A beautiful day, une variation très sommaire du Taxi Driver de Martin Scorsese. Car c’est sa mise en scène qui impressionne. Par sa sophistication visuelle et sonore de chaque instant. Par ses longs plans contemplatifs qui alternent avec de soudains éclairs de violence sèche. Par son montage aux ellipses audacieuses. Enfin, par son utilisation de la musique envoûtante de Jonny Greenwood : des notes à la limite de la dissonance qui, petit à petit, prennent des accents lyriques. Pas de contestation, en revanche, pour le prix d’interprétation attribué à Joaquin Phoenix. L’acteur, méconnaissable, joue du contraste entre son physique de gros nounours et la brutalité terrifiante de son personnage. Une vraie bombe à retardement… Pour une fois économe dans ses effets, il se contente, le plus souvent, d’offrir à sa réalisatrice sa barbe hirsute, son corps massif et couturé de cicatrices, son mal-être. Quelle présence ! — Samuel Douhaire/Télérama
JUSTICE LEAGUE
Aventures fantastiques
Réalisateur: Zack SNYDER
Avec Ben Affleck, Henry Cavill, Gal Gadot, Ezra Miller, Jason Momoa, Amy Adams, Jeremy Irons, Diane Lane, Connie nielsen, J.K.Simmons, David Thewlis
Scénaristes: Chris Terrio, Joss Whedon
basé sur des personnages de DC Comics
Directeur/Photo: Fabian Wagner
Musique: Danny Elfman
USA 2017, 120 minutes
Après avoir retrouvé foi en l'humanité, Bruce Wayne, inspiré par l'altruisme de Superman, sollicite l'aide de sa nouvelle alliée, Diana Prince, pour affronter un ennemi plus redoutable que jamais. Ensemble, Batman et Wonder Woman ne tardent pas à recruter une équipe de méta-humains pour faire face à cette menace inédite. Pourtant, malgré la force que représente cette ligue de héros sans précédent – Batman, Wonder Woman, Aquaman, Cyborg et Flash –, il est peut-être déjà trop tard pour sauver la planète d'une attaque apocalyptique… (Résumé: Warner Bros. France)
Je dois avouer que je n'ai guère aimé le trop récent Thor Ragnarok, sans doute parce que ce déluge incessant de super-héros commence vraiment à me taper sur le système, surtout quand c'est présenté en 3D et que l'image est sombre comme une nuit sans étoiles, malgré les centaines de millions de dollars plongées dans les effets spéciaux. Bien évidemment, les fans de ce genre de sauterie vous diront que - pour eux- Justice League est LE film de la semaine...peut-être même LE film de l'année, avant l'arrivée, bien sur, du nouveau Star Wars, juste avant Noël. Bon, pour adoucir mes moeurs et calmer mes nerfs, ils ont rengagé Gal Gadot en Wonder Woman. C'est toujours ça de gagné!
MARYLINE
Drame
Réalisateur, scénariste: Guillaume GALLIENNE
Avec Adeline D'Hermy, Vanessa Paradis, Alice Pol, Eric Ruf, Xavier Beauvois, Lars Edinger
Directeur/Photo: Christophe Beaucarne
France 2017, 107 minutes
Maryline a grandi dans un petit village. Ses parents ne recevaient jamais personne et vivaient les volets clos. À 20 ans, elle "monte à Paris" pour devenir comédienne. Mais, elle n'a pas les mots pour se défendre. Elle est confrontée à tout ce que ce métier et le monde peuvent avoir d'humiliant mais aussi de bienveillant. C'est l'histoire d'une femme, d'une femme modeste, d'une blessure...(Résumé: Gaumont France)
Si vous - comme nous - vous souvenez du formidable Les Garçons et Guillaume, à table, qui fut le premier film écrit et réalisé par Guillaume Gallienne, vous ne voudrez sans doute pas - comme nous - rater son petit nouveau, surtout après avoir découvert sa drôle de bande-annonce ci-dessous. Honnêtement, ça promet!
Guillaume Gallienne s'est inspiré de la vie d'une femme rencontrée il y a plus d'une décennie : "Ça fait quinze ans que je veux filmer cette histoire. Elle m’a été inspirée par une femme que je connais et qui m’a raconté sa vie. J’ai porté son récit en moi pendant tout ce temps. Mais ma mémoire en a fait autre chose." (Extrait du dossier de presse)
THE SNOWMAN
Thriller policier
Réalisateur: Tomas ALFREDSON
Avec Michael Fassbender, Rebecca Ferguson, Charlotte Gainsbourg, Chloë Sevigny, Val Kilmer, J.K. Simmons, James d'Arcy, Toby Jones
Scénaristes: Soren Sveistrup, Peter Straughan, Hossein Amini
d'après le roman de Jo Nesbø
Directeur/Photo: Dion Beebe
Musique: Marco Beltrami
Gb/USA/Suède 2017, 119 minutes
Un tueur en série qui laisse une signature bien particulière sur chacune de ses scènes de crime sévit dans la région d’Oslo. Le détective Harry Hole est chargé de l’enquête sur le psychopathe. Afin d’établir le profil psychologique de ce dernier, il explorera diverses pistes qui interféreront avec sa vie personnelle...(Résumé: Régie du Cinéma Québec)
Le réalisateur Tomas Alfredson avait fait bonne impression avec son film précédent, Tinker Tailor Soldier Spy, sur les guéguerres au sein des services secrets britanniques. Ici, en bon scandinave qui se respect, il s'attaque au thriller nordique qui - depuis quelques années déjà - fait surtout rage sur les chaînes de télé et les services de streaming comme Netflix ou Amazon Prime. La critique anglo-saxonne n'a pas été très chaude sur le film, paraît-il, mais bon, sa distribution est quand-même alléchante. Et au génlrique, on trouve le nom de Martin Scorsese comme producteur exécutif.
- Oh, the weather outside is frightful, but there’s no fire — delightful or otherwise — inside “The Snowman,” a suitably frosty but flaccid first attempt at Hollywoodizing the oeuvre of popular Norwegian noir merchant Jo Nesbø. On paper, this twisty, grisly serial-killer chiller seemed an optimum match of talent to material, with Swedish genre stylist Tomas Alfredson returning to his Scandi roots after a super-smart English-lingo debut in “Tinker Tailor Soldier Spy” — taking the reins from Martin Scorsese, no less, who still offers his classy imprimatur as an executive producer. You’d be hard pressed to trace either man’s touch, however, in this choppy, blizzard-brained adaptation of Nesbø’s 2007 bestseller, for which the best that can be said is that it reworks the text just enough to keep the author’s die-hard fans on their frost-bitten toes. Anyone else, however, is likely to be bewildered by a haphazard structure, a surfeit of dill-pickled red herrings and the blank impenetrability of Michael Fassbender’s Harry Hole, a supposedly rule-averse detective who does markedly little detecting over the course of two hours. (Guy Lodge/Variety)
Séances spéciales et autres goodies
Avant-Première et Coco Party au Kirchberg
Kinepolis, Dimanche 19.11.2017
COCO
Animation numérique Pixar
Réalisateurs: Lee UNKRICH, Adrian MOLINA
Avec les voix (v.o.) de Anthony Gonzalez, Benjamin Bratt, Gael Garcia Bernal, Edward James Olmos, Renée Victor, Ana Ofelia Murguia
Scénaristes: Adrian Molina, Matthew Aldrich
Musique: Michael Giacchino
Chansons: Kristen Anderson-Lopez
USA 2017, 100 minutes
Malgré le fait que sa famille ait banni la musique depuis des générations, Miguel rêve de devenir un musicien accompli comme son idole Ernesto de la Cruz. Desespéré de prouver son talent, Miguel se retrouve dans le coloré et éblouissant territoire des morts, suite à une mystérieuse série d'événements. Sur son chemin, il rencontre le charmant chien et filou, Hector, et ensemble, ils embarquent dans une aventure extraordinaire afin de découvrir la vraie histoire de la famille de Miguel...(Résumé: cinoche.com)
Comme c'est le cas désormais pour chaque nouvelle production Pixar, l'attente du public est très grande - sauf celle des critiques, bien sûr, dont certains restent opaques aux charmes du cinéma d'animation. Contrairement au très spectaculaire Cars 3 (qui était une site), Coco est une oeuvre originale qui a d'ailleurs déjà suscité l'enthousiasme du public mexicain, où le film est sorti pour le Jour des Morts, fête qui joue un rôle éminemment important dans la culture et le folklore mexicains.
- Conceived as a vibrant celebration of Mexican culture, writer-director Lee Unkrich’s “Coco” is the 19th feature from Pixar Animation Studios and the first to seriously deal with the deficit of nonwhite characters in its films — so far limited to super-sidekick Frozone in “The Incredibles,” tagalong Russell in “Up” and Mindy Kaling’s green-skinned Disgust in “Inside Out.” It’s a point worth making from the outset, not so much for political reasons (although they matter) but to indicate how this effective yet hardly exceptional addition to the Pixar oeuvre finds at least one significant front on which to innovate, even while coloring comfortably within the lines on practically everything else. Like Remy, the rodent hero of “Ratatouille” who dreamed of working in a French restaurant, 12-year-old Miguel Rivera (voiced by Anthony Gonzalez) has just one passion in life: He wants to play the guitar. Unfortunately for him, Miguel belongs to a family of humble shoemakers where music has been forbidden for generations, ever since his great-great-grandfather walked out on his wife and daughter to pursue a career as a singer. Only in folk tales and cartoons do human beings make such inflexible rules, though it certainly simplifies the movie’s conflict. (Peter Debruge/Variety)
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Not only does the Disney outfit’s 19th feature, co-directed by Lee Unkrich and Adrian Molina, emerge as Pixar’s most original effort since Inside Out, it’s also among its most emotionally resonant, touching on themes of belonging common to Finding Dory and the Unkrich-directed Toy Story 3. Delivering a universal message about family bonds while adhering to folkloric traditions free of the watering down or whitewashing that have often typified Americanized appropriations of cultural heritage, the gorgeous production also boasts vibrant visuals and a peerless voice cast populated almost entirely by Mexican and Latino actors. (The Hollywood Reporter)
Finalist beim Lux Filmpreis 2017
Ciné Utopia, 16.11.2017, 19.00 Uhr
WESTERN
Drama
Regisseurin, Drehbuchautorin: Valeska GRISEBACH
Mit Meinhard Neumann, Reinhardt Wetrek, Veneta Frangova
Kamera: Bernhard Keller
Deutschland/Bulgarien/Österreich/Monaco 2017, 121 Minuten
Filmfestspiele Cannes (Un certain regard) und Toronto 2017
Einführung zum Film: Jean-Pierre Thilges
Eine Gruppe deutscher Bauarbeiter macht sich auf den Weg zu einer Auslandsbaustelle in einer ländlichen Region Bulgariens. In der Nähe eines kleinen Dorfes soll ein Wasserkraftwerk entstehen. Die raue, ihnen unbekannte Landschaft weckt zunächst die Abenteuerlust der Männer, aber als Fremde in einem anderen Land werden sie nicht nur mit der dortigen Kultur und Sprache konfrontiert, sondern sehen sich auch zunehmend dem Misstrauen der Einheimischen sowie ihren eigenen Vorurteilen ausgesetzt. So geraten zwei Männer aus der Gruppe in einen sich nach und nach zuspitzenden Konkurrenzkampf um die Anerkennung der Ortsgemeinschaft...(Zusammenfassung: filmportal.de)
- Der größte Trumpf der Regisseurin ist Meinhard Neumann, dessen stoische Präsenz den Kamerablick mit Leichtigkeit aushält. Auch wenn sie sich eigentlich nicht ähnlich sehen: In manchen Momenten kommt er einem vor wie der deutsche Cousin von Clint Eastwood. THE HOLLYWOOD REPORTER
- Häufig schon wurde der Mangel an komplexen Frauen guren im Kino festgestellt. Western führt uns mit seiner umwerfenden Untersuchung von Männlichkeit vor Augen, dass auch komplexe Männer guren selten sind. (...) Western atmet eine Großzügigkeit und Aufrichtigkeit, wie sie nur selten im Kino zu finden sind. SIGHT AND SOUND
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Die mythische Grenze befindet sich nicht mehr im Westen, sondern im Osten. Dass die unberührten Landschaften dieses entlegenen, verlassenen Hinterlands zum Eldorado der Wanderarbeiter aus Deutschland werden könnten, ist ein Pendelschlag ganz gegen alles Erwartete. Western ist ein hinreißender Film, gerade in dieser Zeit der Zweifel an Europa.« LIBÉRATION
Séances spéciales Out of the Box
M
Drame
Réalisatrice, scénariste, monteuse: Sara FORESTIER
Avec Sara Forestier, Redouanne Harjanne, Jean-Pierre Léaud
Directeur/Photo: Guillaume Schiffman
France 2017, 98 minutes
Festival de Venise/Venice Days 2017
Mo est beau, charismatique, et a le goût de l'adrénaline. Il fait des courses clandestines. Lorsqu'il rencontre Lila, jeune fille bègue et timide, c'est le coup de foudre. Il va immédiatement la prendre sous son aile. Mais Lila est loin d'imaginer que Mo porte un secret : il ne sait pas lire...(Résumé: Ad Vitam)
Cela fait désormais 17 ans que j'ai mangé une pizza à Utopolos Longwy avec Sara Forestier et Sabrina Ouazani, à l'occasion de la sortie de L'esquive d'Abdellatif Kechiche, qui avait offert un de ses premiers rôles à Sara. Entretemps, la blonde assez chétive de l'époque s'est muée en très bonne actrice (elle a déjà son César) et - désormais - en réalisatrice-scénariste-monteuse, M étant son premier film en tant que cinéaste.
Sara Forestier a choisi de parler de l'illettrisme pour ce film parce qu'il s'agit d'un handicap qui n'est pas forcément flagrant et qui permet de créer des situations de "mensonges" où le spectateur peut être en empathie totale avec le personnage dont il est le seul à connaître le secret. La cinéaste raconte : "Et c'est à la fois un handicap suffisamment sérieux et douloureux pour créer un isolement, une réelle exclusion. Et plus personnellement, c'est un thème qui m'a bouleversée et me bouleverse, la honte qui paralyse. Car le vrai mutique dans cette histoire, c'est Mo. Il s'accroche à sa honte, il ne lâche pas. Il se sert du handicap de Lila pour masquer le sien. Et je crois que l'écho personnel de cette histoire qui résonne en moi a à voir avec quelque chose de plus intime, la honte dans un aspect plus large et plus flou…" (Extrait du dossier de presse)
- Présenté à la dernière Mostra de Venise et apparemment mal accueilli par une grande partie de la critique française accréditée, le premier film de Sara Forestier mérite mieux que le mépris qu’il semble destiné à subir, et pose la question de la générosité que mettent les nouveaux cinéastes dans un premier film. Jugé avec des grilles de lectures biaisées par les habitus de la critique et le passif de l’actrice-réalisatrice, M a vite fait d’être catégorisé comme film « gentil » ou melting-pot indigeste, mais l’implication qu’il recèle et sa manière de ne pas s’attacher aux conventions lui confèrent un charme certain, au-delà de faiblesses évidentes mais parfois touchantes. (CameraObscura)
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