Encore une pochette surprise où on trouve le meilleur (Elvis & Nixon, Une femme douce), le spectaculaire (Atomic Blonde), le pire (The Dark Tower), le sirupeux (Everything, everything), le très allemand (Tigermilch) et le bouleversant (l'avant-première de 120 Battements par minute). En d'autres termes, la rentrée se dessine à l'horizon...et nous préparons nos valises pour notre première visite au Toronto International Film Festival, qui se tiendra du 7 au 17 septembre prochain. Jean-Pierre THILGES
Le film de la semaine
ELVIS & NIXON ***
Comédie historique et hystérique
Réalisatrice: Liza JOHNSON
Avec Michael Shannon, Kevin Spacey, Alex Pettyfer, Johnny Knoxville, Colin Hanks
Scénaristes: Joey Sagal, Hanala Sagal, Cary Elwes
Basé sur des faits réels
Directeur/Photo: Terry Stacey
Musique: Ed Shearmur
USA 2016, 87 minutes
KROTKAYA/UNE FEMME DOUCE/A GENTLE CREATURE
Drame
Réalisateur: Sergei LOZNITSA
Avec Vasilina Makovtseva, Marina Kleshcheva, Lia Akhedzhakova
Scénariste: Sergei Loznitsa
d'après le roman de Fyodor Dostoevsky
Directeur/Photo: Oleg Mutu
Lituanie/France/Allemagne/Pays Bas 2017, 143 minutes
Sélection officielle Festival de Cannes 2017
En Russie, une femme reçoit un jour par retour de courrier un colis qu'elle avait envoyé à son mari, qui purge une longue peine de prison. Après avoir tenté, sans grand succès, d'obtenir une explication auprès des services de la poste, elle n'a pas d'autre choix que de se rendre à la prison, pour tenter de délivrer le colis elle-même. Pour elle, c'est le début d'un long et éreintant voyage à travers le pays, avant d'affronter l'administration pénitentiaire...(Résumé: Télérama)
"Une femme douce" suit l’itinéraire d’une héroïne anonyme au regard buté, partie à la recherche de son mari, prisonnier, après qu’un paquet qui lui était destiné lui a été retourné. Elle croise des braillards chauvins, des mafieux, des policiers corrompus, des femmes abîmées par l’alcool et les hommes. Lasse, elle finit par s’endormir et son rêve énonce une bonne fois pour toutes le credo de Loznitsa : la Russie est devenue une prison, dont les citoyens-détenus garantissent l’étanchéité. C’est dit avec une grande intelligence formelle, mais aussi beaucoup de brutalité. Au point qu’on finit par se demander si Loznitsa se soucie du sort des gens qu’il prétend représenter à l’écran. (Le Monde) "Une femme douce" est un grand film politique et romanesque. Il est à la fois doux et extravagant. Sergeï Loznitsa s’y affirme définitivement comme un grand cinéaste. Une Palme d’Or serait bienvenue. (Télérama)
ATOMIC BLONDE
Film d'action, thriller d'espionnage
Réalisateur: David LEITCH
Avec Charlize Théron, James McAvoy, Sofia Boutella, Toby Jones, John Goodman, Eddie Marsan
Scénaristes: Kurt Johnstad, Antony Johnston
d'après le roman de Sam Hart
Directeur/Photo: Jonathan Sela
Musique: Tyler Bates
USA 2017, 111 minutes
Les années 1980, pendant la guerre froide. L'agent britannique Lorraine Broughton ne suit que ses propres règles. Elle adopte des méthodes musclées pour venir à bout de ceux qui pourraient nuire à la Grande-Bretagne. Un agent de la CIA l'envoie en mission à Berlin afin qu'elle mette la main sur un agent double. Celui-ci détient un dossier qui, s'il tombait dans de mauvaises mains, pourrait déclencher une guerre mondiale. Sur place, elle se rend très vite compte qu'elle a atterri dans un nid de vipères. Elle s'associe avec David Percival, dont elle se méfie et rencontre Delphine, une espionne française avec laquelle elle est censée collaborer...(Résumé: Télérama)
Toward the end of “Atomic Blonde,” David Leitch’s hyperviolent, hyperstylized action pic set in Berlin just before the fall of the wall, Charlize Theron’s MI6 superwoman Lorraine Broughton is tasked with protecting a Stasi defector. He’s been wounded on the street, and she drags him into a building lobby. “Wait here,” she says, and proceeds to do brutal battle with waves of henchmen up an elevator, down a staircase, into an apartment, out of the apartment, with a gun, without a gun, with an unloaded gun, with stray bits of furniture, back out into the street, into a car, forward in the car, and then in reverse. The scene lasts a good five minutes, and does not contain a single obvious cut. It is worth the price of admission alone. It’s a good thing, too, because the rest of the film can’t help but feel like a long prelude to this single bravura display of technique. Sure, the film has style to burn, employing enough neon lighting to power the Las Vegas Strip for weeks. Theron casts an indomitable figure throughout, and the camera lingers on every contour of her face and body with an intensity that verges on the fetishistic. The action set pieces are every bit the equal of Leitch’s previous effort, “John Wick,” and “Atomic Blonde” should at least equal that film’s box office tally when it’s released this summer.(Andrew Barker/Variety)
THE DARK TOWER
Titre français: La Tour sombre
Aventures fantastiques
Réalisateur: Nikolaj ARCEL
Avec Idris Elba, Matthew McConaughey, Tom Taylor, Dennis Haysbert
Scénaristes: Akiva Goldsman, Jeff Pinkner, Anders Thomas Jensen, Nikolaj Arcel
d'après plusieurs romans de Stephen King
Directeur/Photo: Radmus Videbaek
Musique: Junkie XL
USA 2017, 95 minutes
Jake, un jeune garçon, a d’étranges et effrayantes visions d’un monde parallèle. Son thérapeute essaye de le convaincre qu’il s’agit simplement de cauchemars issus de son imagination. Mais un jour, dans une maison abandonnée, il découvre un passage qui l’emmène dans cet autre univers. Là, il fait la connaissance de Roland, un pistolero taciturne. Ce dernier est à la poursuite de l’Homme en noir, une sorte de démon surpuissant qui se rend à la Tour Sombre pour la détruire. L’annihilation de ce lieu mythique, situé à la croisée des mondes, pourrait causer la fin de la vie sur Terre, telle que Jake la connaît...(Résumé: Télérama)
Est-ce que "La Tour sombre" est une bonne adaptation des romans ? Non, mais on pouvait le sentir venir tant l'oeuvre est réputée inadaptable. Ce qui n'en fait pas pour autant un mauvais film : simplement un objet étrange et inabouti, qui ne fera en fait plaisir à personne (les fans de King comme ceux de blockbusters fantastiques). (Première) Trahison totale, ratage technique, condensé d'incompétence industrielle... Les mots manquent pour décrire l'incurie avec laquelle Hollywood piétine un des plus grands textes de Stephen King. (Ecran Large)
While sitting through this uniquely flavorless slog, a viewer jolts out of a waking sleep every five minutes or so to realize that they have not internalized a thing. Nikolaj Arcel’s efforts to translate and condense Stephen King’s long-running series of densely mythologized novels amount to being a western without the majesty of the west, a fantasy without anything even coming close to being fantastic.The movie vanishes as you toss your soda cup in the garbage on the way out of the theater. (...) McConaughey looks faintly amused by his own performance, perhaps because he’s imagining the boat he’s going to buy after production wraps. Poor misused Elba, meanwhile, looks like he’s searching for a way out of the movie. We can scarcely blame him. (The Guardian)
EVERYTHING, EVERYTHING
Drame romantique
Réalisatrice: Stella MEGHIE
Avec Amandla Stenberg, Nick Robinson, Ana de la Reguera, Anika Noni Rose
Scénariste: J.Mills Goodloe
d'après le roman de Nicola Yoon
Directeur/Photo: Igor Jadue-Lillo
USA 2017, 96 minutes
Maddy, 18 ans, souffre d'un mal étrange qui l'empêche de sortir de chez elle. Elle «rencontre» néanmoins Olly, son nouveau voisin. Ils ne se voient que par fenêtre interposée et ne communiquent que par SMS, mais ils parviennent à nouer une relation très forte. Les deux jeunes gens veulent vivre pleinement leur histoire d'amour naissante. Au grand désespoir de sa mère, Maddy refuse de rester plus longtemps confinée dans sa maison. Avec Olly, elle part découvrir l'océan et veut profiter de sa journée, quitte à prendre des risques pour sa vie... (Résumé: Télérama)
Adapté d’un roman pour ados, ce film-guimauve affiche un couple mixte, cache quelques saveurs poivrées et raconte mine de rien un amour monstre. (Les Fiches du Cinéma) C'est romantique et mielleux à souhait, malgré le danger microbien et un retournement final aussi brutal que libérateur. (Télérama) Derrière le conte, on peut s’amuser à déceler une métaphore sur l’entrée de deux jeunes gens dans la vie adulte avec les risques qu’elle comporte. Il est pourtant dommage que le film délaisse en chemin la violence de son sujet (l’amour dans la maladie) au profit d’un retournement artificiel et d’un « happy end » censé rassurer le jeune public. (Le Monde)
TIGERMILCH
Dramatische Komödie
Regisseurin: Ute WIELAND
Mit Flora Li Thiemann, Emily Kusche, David Ali Rashed
Drehbuch: Ute Wieland
nach dem Roman von Stefanie de Velasco
Kamera: Felix Cramer
Musik: Kicker Dibs
Deutschland 2017, 106 Minuten
Die Schülerinnen Nini und Jameelah sind 14 Jahre alt, leben in derselben Berliner Siedlung und sind seit Jahren beste Freundinnen. Zwar droht Jameelahs irakischer Familie die Abschiebung, sollte ihr Einbürgerungsantrag negativ beschieden werden. Aber über solche existenziellen Probleme wollen die Mädchen jetzt nicht nachdenken. Sie freuen sich auf den Berliner Sommer und die großen Ferien. Ihr Lieblingsgetränk Tigermilch schlürfend (eine Mischung aus Milch, Maracujasaft und Mariacron), ziehen sie mit ihrem Kumpel Nico und ihrem kleinen Freund Amir durch die Stadt. In ihrer Fantasie stellen sie sich auch auf den Verlust ihrer Unschuld ein, ein Ereignis, das in diesem Sommer hoffentlich geschehen wird. Dann aber werden Nini und Jameelah Zeuginnen, wie ein lange schwelender Konflikt zwischen Amirs großem Bruder Tarik und seiner Schwester auf dramatische Weise eskaliert – und plötzlich ist nichts mehr so, wie es vorher war...(Zusammenfassung: filmportal.de)
Das klingt nach einem vollkommen übersteuerten Jugenddrama, aber der wilde Plot fügt sich überraschend harmonisch in einen zärtlichen Realismus ein, mit dem Roman wie Film auf die innige Freundschaft der beiden Mädchen und deren soziales Umfeld blicken. (Zeit online)
Regisseurin Ute Wieland spart sich jeden moralischen Zeigefinger und schafft es, das Flair der Romanvorlage auf die Leinwand zu übertragen: jugendliche Leichtigkeit, rotzige street credibility und zwei charismatische Mädchen lassen einen das ultraschnelle Auf und Ab der Pubertät miterleben, eine Zeit, in der jeder Tag neue Abenteuer bietet und noch alles möglich scheint. Die Regisseurin bestand trotz der Einschränkungen bei der Arbeit mit Kindern und Jugendlichen darauf, dass für die beiden Hauptrollen Mädchen verpflichtet wurden, die sich tatsächlich im Alter der Protagonistinnen befinden – und davon profitiert der Film ungemein. (filmstarts.de)
Et en avant-première, le Grand Prix de Cannes 2017
120 battements par minute
Drame
Réalisateur: Robin CAMPILLO
Avec Nahuel Perez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel,
Scénaristes: Robin Campillo, Philippe Mangeot
Directeur/Photo: Jeanne Lapoirie
Musique: Arnaud Rebotini
France 2017, 142 minutes
Grand Prix Festival de Cannes 2017
Au début des années 1990, le jeune Nathan assiste pour la première fois à une réunion de l'association Act Up Paris, qui fait de la prévention et lutte pour les droits des séropositifs. Au cours de cette réunion pleine de disputes et de tensions, il découvre des militants hétéroclites mais très motivés par leur combat. Devenu adhérent, il apprend son mode de fonctionnement, ses prises de parole codées et s'y investit de plus en plus, participant à des groupes de réflexion, mais aussi à des interventions percutantes dans des laboratoires pharmaceutiques. Peu à peu, il se rapproche de Sean, un séropositif aux idées radicales...(Résumé: Télérama)
Les personnages (d’une intelligence folle) et leurs interprètes sont tous fantastiques, du plus petit au plus grand. Le récit distingue certes peu un peu l’un d’entre eux, le sort du groupe pour en faire un personnage principal, central : c’est Sean, 26 ans, interprété par Nahuel Perez Biscayart, qui est formidable. Mais que dire d’autre de Saadia Bentaïeb, dans le rôle de sa mère, qu’on ne voit peut-être que cinq minutes dans le film et qui vous terrasse par la justesse de son jeu – et certes la beauté de son personnage ? Il y aurait encore beaucoup à dire sur 120 battements par minute, mais ne perdons pas de temps nous non plus, pour affirmer que c’est l’un des plus grands films de cette 70e édition. Qu’il emporte tout sur son passage ! (Les Inrocks)
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