Pâques étant - traditionnellement - la fête de la paix et de la tranquillité, il n'est que logique que le film de la semaine s'appelle THE FATE OF THE FURIOUS et que l'on y casse des bagnoles et des mecs par dizaines. C'est pourquoi, les cinéphiles à la recherche d'un vrai oeuf de Pâques prendront la direction de GLORY/SLAVA, film bulgare étonnant auquel les journalistes de l'Association Luxembourgeoise de la Presse Cinématographique ont décerné leur prix lors du récent LuxFilmFest. Intéressant aussi, surtout pour ses images impressionnantes, le très mongol THE EAGLE HUNTRESS. Également présenté au LuxFilmFest mais moins emballant, GOLD voit Matthew McConaughey se lancer dans une ruée vers l'or. Les adeptes purs et durs du cinéma portugais pur et dur se rueront sur le pur et dur CARTAS DE GUERRA, que j'ai vu à Berlin en 2016 et qui - pour moi - est le soporifique pur et dur de la semaine. Finalement, l'Allemagne nous envoie MEIN BLIND DATE MIT DEM LEBEN qui semble annoncer tout un programme. Voilà, joyeuses Pâques! Jean-Pierre THILGES
Le film de la semaine (pour les dingues d'action)
THE FATE OF THE FURIOUS
Titre français: Fast & Furious 8
Film d'action
Réalisateur: F. Gary GRAY
Avec Vin DIESEL, Dwayne JOHNSON, Jason STATHAM, Michelle RODRIGUEZ, Charlize THERON, Kurt RUSSELL
Scénariste: Chris Morgan
Directeur/Photo: Stephen F. Windon
Musique: Brian Tyler
USA 2017, 136 minutes
La "famille" que forment Dom, Letty, Brian et Mia semble s'être avoir trouvé une vie normale. Quand Cipher, une cyberterroriste anarchiste entre en action, ce fragile équilibre est bouleversé. Celle-ci peut prendre le contrôle des voitures et ainsi semer le chaos. Sous sa coupe, Dom doit trahir les siens. Letty n'accepte pas le volte-face de son compagnon et veut le ramener dans le droit chemin. Avec Brian, Hobbs et leur ancien ennemi Deckard Shaw, elle va se mettre à nouveau derrière en volant, faire crisser les pneus, se lancer dans des course-poursuite à Cuba, à New-York, et les plaines gelées de la mer arctique et tenter de ramener Dom au bercail...
Je dois confesser que j'aime cette série totalement dingue, étant moi-même adepte de voitures rapides et de cascades qui relèvent plus de la science-fiction que d'un réalisme quelconque. Ici (regardez la bande-annonce) on se retrouve pratiquement sur le terrain jadis occupé par James Bond. Attendez-vous donc à un jeu de massacre, où des bagnoles de rêve partent en fumée à la queue-leu-leu. But whatever you do, don't try this at home!
The eighth 'Fast and the Furious' film, with Charlize Theron as a supervillain who puts Vin Diesel under her thumb, is a dazzling action spectacle that proves this franchise is far from out of gas. If there were a hierarchy of action cinema, you’d find a masterpiece of speed-demon nihilism like “Mad Max: Fury Road” at the very top, and on the next level a superior Bond or Bourne film or “Mission: Impossible — Ghost Protocol.” At the bottom would be the visceral, live-wire kicks of B-movie brutality. Somewhere in the middle are the “Fast and the Furious” films, which started off as drag-race movies but morphed, over time, into an outlandishly extravagant genre all their own, one with just enough heart — and, yes, mind — to make the stunts and velocity seem like something larger: a pure expression of character. If this series, over the last 16 years, has taught us anything, it’s that just when you think it’s about to run out of gas, it gets outfitted with an even more elaborate fuel-injection system. And that’s never been more true than it is of the eighth film in the series, “The Fate of the Furious,” which may just be the most spectacular one yet. (Owen Gleiberman/Variety)
Le film de la semaine (pour les cinéphiles)
GLORY (SLAVA) ****
Comédie dramatique
Réalisateurs: Kristina GROZEVA, Petar VALCHANOV
Avec Margita GOSHEVA, Stefan DENOLYUBOV, Kitodar TODOROV
Scénaristes: Kristina Grozeva, Petar Valchanov, Decho Taralezhkov
Directeur/Photo: Krum Rodriguez
Musique: Hristo Namliev
Bulgarie/Grèce 2016, 101 minutes
Prix de l'ALPC au LuxFilmFest 2017
Primé dans plusieurs festivals
Un jour qu'il en train de nettoyer une voie ferrée, le cantonnier Tzanko Petrov trouve des billets de banque éparpillés un peu partout. Il aurait pu les garder mais préfère les remettre à l'Etat. Surpris par son attitude, celui-ci en fait un héros dans un but de propagande. Julia Staykova, la responsable du service des relations publiques du Ministère des Transports, enlève la montre que Tzanko porte toujours au poignet pour lui en donner une autre plus perfectionnée. Son service perd la vieille montre qui a une forte valeur sentimentale. Furieux, Tzanko se bat à ses risques et périls contre l'Etat pour la récupérer...(Résumé: Télérama)
Un conte moral qui se transforme rapidement en conte immoral pour fustiger la corruption qui continue de régner dans les pays de l'ex bloc communiste. Les films bulgares ne courent pas les rues chez nous et il faut remercier le LuxFilmFest et le distirbuteur Tarantula d'avoir été chercher ce bijou tragicomique, dont l'acteur principal Stefan Denolyubov est un monument de stoïcité face aux saloperies qui n'arrêtent pas de lui tomber dessus. Si Woody Allen était bulgare, il tournerait ce genre de films. Quatre étoiles.
A hard-edged PR woman happy to hide government corruption indifferently destroys an honest worker’s dignity in this worthy follow-up to the directors’ award-winning 'The Lesson.' Co-directors Kristina Grozeva and Petar Valchanov’s “Glory” confirms the advanced promise shown in their award-winning narrative debut, “The Lesson.” Largely working with the same exceptionally talented cast and crew, the duo paints a damning portrait of contemporary Bulgarian society fragmented by class and the rural-urban divide, where corruption is a given and even muckrakers ignore the human quotient in their politicized race to bring down their targets. Shot with flexible naturalism by Krum Rodriguez (DP on “Victoria” as well as “The Lesson”), the film quietly builds to a feeling of inexorable disaster, guided by terrific performances as well as spot-on editing. (Jay Weissberg/Variety)
THE EAGLE HUNTRESS
Titre français: La jeune fille et son aigle
Documentaire
Réalisateur: Otto BELL
Narration (version anglaise): Daisy RIDLEY
Avec Aisholpan NURGAIV, Rhys NURGAIV, Kuksyegyen ALMAGUI
Musique: Jeff Peters, Jingle Punks
Mongolie/GB 2016, 86 minutes
Sélection officielle Sundance Film Festival 2016
En Mongolie, le métier de dresseur d’aigles se transmet de père en fils. Aisholpan est une fille mais pas question que cela l'empêche de reprendre le flambeau. Depuis son enfance, elle assiste son père qui entraîne les aigles. Toujours avec l'aide de son père, elle décide d’adopter un aigle pour en faire un chasseur de renards. Son audace sera-t-elle acceptée par les anciens du village? Ce qu'elle veut, c'est être respectée et briser les traditions qui érigent des barrières aux jeunes filles...(Résumé: Télérama)
Mis à part quelques images que les amateurs de droits animaliers trouveront choquantes, ce documentaire ressemble à d'autres films d'un genre auxquel Disney nous a habitués, sauf qu'ici, le personnage principal se révoltant contre les traditions archaïques de son pays est une jeune fille dont on ne peut qu'admirer le courage. D'un autre coté, le terme de "documentaire" n'est pas vraiment correct, compte tenu de la manuipulation des images au montage, comme le précise le critique de Variety ci-dessous.
A 13-year-old nomadic Mongolian girl breaks a traditional role's gender barrier in this entertaining documentary. A gender barrier upheld for hundreds of years falls before the prowess of a 13-year-old girl in the U.S.-produced documentary “The Eagle Huntress.” Otto Bell’s first feature traces its heroine’s quest to become Mongolia’s first female practitioner of the titular skill, in which a wild eagle is trained to hunt game in tandem with its human keeper. A pervasive girl-power message underlined by the “You can do anything” refrain of Sia’s closing pop theme song, this entertaining slice of real-life inspirational adventure should appeal to family audiences not grossed out by brief animal butchery and a fox’s climactic fate. Nonfiction-cinema purists may be less enthralled with content that often feels somewhat staged, and highly manipulated in the editing room. (Dennis Harvey/Variety)
GOLD
Film d'aventures, drame
Réalisateur: Stephen GAGHAN
Avec Matthew McCONAUGHEY, Bryce Dallas HOWARD, Edgar RAMIREZ, Corey STOLL, Stacy KEACH
Scénaristes: Patrick Masswtt, John Zinman
Directeur/Photo: Robert Elswit
Musique: Daniel Pemberton
USA 2016, 121 minutes
Sélection officielle LuxFilmFest 2017
Kenny Wells a grandi dans le milieu des chercheurs d’or. Tout comme son père, il n’a pas peur de gravir des montagnes et de creuser le sol pour faire fortune. Mais dans un monde où le simple jeu du hasard peut faire la différence entre un milliardaire et un loser absolu, on ne peut pas dire que la chance ait souri à Kenny. Pourtant, l’homme incarne l’esprit d’entrepreneur par excellence et la foi inébranlable dans la capacité à surmonter tous les obstacles. Il vend donc le peu qu’il lui reste et part à l’autre bout de la planète : en Indonésie. Il a la conviction qu’il va trouver de l’or dans l’une des jungles les plus denses et les plus terrifiantes du monde : Bornéo. Après s’être associé avec le légendaire géologue Mike Acosta, ils vont devoir affronter ensemble la nature, les institutions financières de Wall Street et les pires complots…(Résumé: Studio Canal France)
Les scénaristes et producteurs Patrick Massett et John Zinman se sont inspirés d'un véritable scandale des années 1990, le scandale "Bre X". Une société minière canadienne avait annoncé qu’un entrepreneur et un géologue avaient découvert un gigantesque gisement d’or en Indonésie, de sorte qu'elle a été instantanément cotée à plusieurs milliards de dollars en Bourse. Les deux hommes se sont ensuite éloignés des faits réels en inventant les personnages de Kenny Wells et Mike Acosta, et en transposant l'histoire dans les années 1980. Une manière pour Massett et Zinman de parler des enjeux de la crise financière de 2008. (Extrait du dossier de presse)
Matthew McConaughey plunges deeper into the rabbit hole of wacky character transformation, playing a balding, pot-bellied prospector in 'Gold.' It’s too bad Matthew McConaughey already made a movie called “Fool’s Gold,” since the title would’ve been perfect for his latest, a bucking-bronco paydirt saga in which he plays a white-trash desperado with a claim to more of the precious metal than he knows what to do with. Directed with an odd mix of human compassion and giddy abandon by Stephen Gaghan (“Syriana”), “Gold” is a lively portrayal of what’s often misidentified as the American Dream, but might be more accurately described as the American Fantasy — where men dream of wealth and success without having to put in the work. (...) “Gold” is one of those movies that could have gone either way, and some will surely label it a disaster over the tonal risks it takes, tightrope-walking as it does between sincerity and satire. But for those willing to take the characters at face value, it’s a deliriously entertaining ride, as a man with a dream drops his last quarter in the slot machine and goes home with the entire casino. (Peter Debruge/Variety)
CARTAS DE GUERRA **
Titre français : Lettres de la guerre
Drame
Réalisateur: Ivo M. FERREIRA
Avec Miguel NUNES, Margardida VILA-NOVA, Ricardo PEREIRA
Scénaristes: Ivo M. Ferreira, Edgar Medina
d'après le livre de António Lobo Antunes
Directeur/Photo: Joāo Ribeiro
Portugal 2016, 105 minutes
Sélection officielle, Festival de Berlin 2016
Soldat pendant la guerre coloniale en Angola entre 1971 et 1973, Antonio, un jeune médecin portugais souvent confronté à l'horreur, tente de tenir le coup. Sa femme et leur enfant lui manquent terriblement. En train de devenir écrivain, il envoie des lettres enflammées et pleine de poésie à son épouse restée au pays. La vie est dure dans le camp : entre quelques nouvelles du Benfica, les hommes se battent pour leur survie, ou perdent la tête - l'un s'enfuit nu dans la nature, l'autre cherche son briquet comme si sa vie en dépendait...
Je regrette, mais je ne suis pas adepte de ce que l'on appelle généralement "slow cinema". Et je m'excuse que je n'arrive pas à me faire aimer le cinéma portugais. Je m'excuse aussi de trouver ce film - qui au demeurant est plastiquement très beau (il est en noir et blanc) - soporifique et assommant, tellement cette voix monocorde récitant des lettres en voice-over pendant près de deux heures m'a donné l'impression que je sentais mes cheveux et mes ongles pousser pendant la projection. Il se trouvera certainement des gens qui aiment ce genre de cinéma, mais je n'en fais pas partie. Deux étoiles, pour la photographie.
Ivo M. Ferreira voulait depuis longtemps faire un film parlant de la guerre coloniale mais ne voyait pas de quelle manière il allait aborder le sujet. C'est lorsqu'il a vu sa femme lire ces "Lettres de la guerre" à leur fils qu'elle portrait dans son ventre que le cinéaste a eu le déclic. Il se rappelle : "J’ai très vite pensé que c’était peut-être là l’histoire que j’avais envie de raconter : celle d’un amour brutalement interrompu par une guerre aussi injuste qu'incompréhensible. De cette manière, à travers le récit d’António Lobo Antunes, je pouvais évoquer tout un pan de l’histoire récente du Portugal dont personne n’aime jamais parler." (Extrait du dossier de presse)
MEIN BLIND DATE MIT DEM LEBEN
Dramatische Komödie
Regisseur: Marc ROTHEMUND
Mit Kostja ULLMANN, Anna Maria MÜHE, Jacob MATSCHENZ, Johann VON BÜLOW
Drehbuch: Oliver Ziegenbalg, Ruth Thoma
nach dem Roman von Saliya Kahawatte
Kamera: Bernhard Jasper
Deutschland 2017, 111 Minuten
Im Alter von 15 Jahren verliert Saliya Kahawatte fast sein komplettes Augenlicht. Doch obwohl er nahezu blind ist, will er sich seinen Lebensmut nicht nehmen lassen. Vor allem will er nicht von der Gesellschaft als "behindert" abgestempelt werden. Ohne Blindenstock oder sonstige Hilfsmittel tastet er sich durchs Leben; sein mangelndes Sehvermögen gleicht er mit der Schärfung seiner übrigen Sinne aus. Er macht Abitur an einer ganz normalen Schule und tritt eine Ausbildung in einem Luxushotel an - ohne dass jemand etwas von seinem Handicap ahnt. Tatsächlich gelingt es ihm mit eiserner Disziplin und jeder Menge Improvisationsgeschick, den Berufsalltag meistern, auch wenn es dabei zu so manch aberwitziger Turbulenz kommt und so manches Glas zu Bruch geht. Nur sein schlitzohriger Freund und Kollege Max durchschaut irgendwann Saliyas Spiel. Fortan unterstützt er ihn in brenzligen Situationen. Erst als Saliya sich verliebt, gerät er in einen Konflikt über die Frage, ob er sein Lügengebilde wirklich aufrecht erhalten will...(Zusammenfassung: filmportal.de)
Ein netter Junge (Kostja Ullmann als Sali) bekommt die Horrornachricht, dass er fast erblinden wird, aber er hält an seinem Traumfest, muss seine Umwelt täuschen, findet einen – charakterlich gegensätzlichen – Kumpel (Jacob Matschenz), der ihm hilft, dass das Kartenhaus nicht zusammenfällt. Was fehlt? Die Liebe in Form einer schönen, alleinerziehenden Mutter (Anna Maria Mühe). Dass die romantische Komödie dennoch charmant bleibt, liegt nicht nur an der rührenden Geschichte, sondern vor allem an Kostja Ullmann, der so liebenswürdig einnehmend ist, dass man sich bedingungslos auf seine Seite schlägt. Denn selbst die moralische Falle, dass er Lügen muss, verzeiht man ihm sofort. Das glättet den Film, wie überhaupt alle härteren Aspekte zugunsten reinen Wohlfühlens verdrängt werden: die schwierigen Familienverhältnisse mit Migrationshintergrund, Angst und Streß, die mit Drogen bekämpft werden. Alles ist weichgespült und wird nicht als spannende dunklere Seite genutzt. (Adrian Prechtel/Abendzeitung München)
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