Alors que tout le monde (littéralement: le monde entier) attend avec une certaine anxiété le 20 janvier et l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, THE BIRTH OF A NATION de Nate Parker, un film américain très dur et très controversé sur l'esclavage arrive dans nos salles. NOCTURNAL ANIMALS de Tom Ford, qui était dans la course aux Golden Globes est également une oeuvre à ne pas rater, tout comme THE HAPPIEST DAY IN THE LIFE OF OLLI MAKI qui nous avait donné bien du plaisir à Cannes, où il a d'ailleurs été primé du Prix Un Certain Regard. WHY HIM? est une comédie passablement vulgaire, tandis que THE BYE BYE MAN s'adresse aux fans purs et durs du cinéma d'épouvante. Finalement, après les Golden Globes remportés par Isabelle Huppert et par ELLE, (que le Ciné Utopia reprend cette semaine pour ceux qui ne l'auraient pas vu) vous pourrez découvrir l'actrice française en avant-première ce jeudi dans SOUVENIR, un film "made in Luxembourg" comme on dit! Jean-Pierre THILGES
LE FILM DE LA SEMAINE
THE BIRTH OF A NATION
Drame historique, biopic
Réalisateur: Nate PARKER
Avec Nate Parker, Armie Hammer, Penelope Ann Miller, Jackie Earle Haley
Scénaristes: Nate Parker, Jean McGianni Celestin
Directeur/Photo: Elliot Davis
Musique: Henry Jackman
USA 2016, 110 minutes
Grand Prix du Jury et Prix du Public Sundance 2016
Présentà au Festival de Toronto
Dès son enfance, Nat Turner, un esclave afro-américain de Virginie, se révèle doué pour la lecture. Pris en charge par les propriétaires de la plantation où il vit, il apprend les Saintes Écritures. Arrivé à l’âge adulte, Nat est un prédicateur éloquent, à un point tel que son maître loue ses services à d’autres exploitants de cotonnerie afin qu’il incite les siens à demeurer dociles malgré leur triste sort. Témoin d’atrocités commises à l’encontre d’esclaves comme lui durant sa tournée, il élabore un plan pour les conduire vers la liberté. Au mois d’août de 1831, Nat est à la tête de l’une des insurrections antiesclavagistes les plus meurtrières des États-Unis...(Résumé: Régie du Cinéma Québec)
Tout comme le très dur "12 Years a Slave", "The Birth of a Nation" raconte l'esclavage sur lequel une grande partie de la richesse des États-Unis est basée. Le titre du film est lui aussi une immense provocation, puisqu'il reprend à son compte le titre d'un film de David W. Griffith de 1915 qui est considéré - malgré ses énormes qualités filmiques - comme un des films américains les plus racistes de tous les temps. Par ailleurs, le film et surtout son réalisateur ont été attaqués avec virulence en Amérique où on n'aime pas trop regarder dans un miroir, fut-il historique.
Lauréat de plusieurs prix au Festival de Sundance de 2016, à la fois comme interprète principal, réalisateur, producteur et scénariste, Nate Turner présente une œuvre marquante, inspirée d’un fait historique. Bouleversante, celle-ci dénonce le racisme et l’injustice dont ont été victimes les Afro-Américains d’hier, tout en suggérant la fin du déni et l’avènement de la vérité pour ceux d’aujourd’hui. Tout comme dans le film 12 Years a Slave, des éléments de violence et de cruauté, parfois suggérés, parfois montrés avec réalisme, décrivent avec justesse l’horreur de l’une des périodes les plus sombres de l’histoire des États-Unis. (Régie du Cinéma Québec)
La polémique judiciaire qui entoure le réalisateur Nate Parker n'aura peut-être pas raison de son film. Au festival de Toronto, la projection de “The Birth of a Nation”, œuvre choc sur l'Amérique esclavagiste, a de nouveau emporté l'adhésion de la critique et du public. (..) Sans craindre les inévitables comparaisons avec 12 Years a Slave (2013), Nate Parker recrée un décor très semblable (une plantation, la belle maison des maîtres, les cabanes des esclaves) pour un drame historique souvent assez conventionnel dans sa forme mais auquel il donne une dimension éminemment personnelle. Il y interprète lui-même Nat Turner, un esclave noir qui souleva une révolte sanglante, suivie de représailles terribles et de sa condamnation à mort, en 1831, à 31 ans. (Télérama)
Debuting writer-director Nate Parker stars in this searingly impressive account of the Nat Turner slave rebellion. It speaks to his ambition that the writer, director, producer and actor Nate Parker chose to title his slavery drama “The Birth of a Nation,” though the film would be a significant achievement by any name. Arriving more than a century after D.W. Griffith’s epic lit up the screen with racist images forever destined to rankle and provoke, this powerfully confrontational account of Nat Turner’s life and the slave rebellion he led in 1831 seeks to purify and reclaim a motion-picture medium that has only just begun to treat America’s “peculiar institution” with anything like the honesty it deserves. If “12 Years a Slave” felt like a breakthrough on that score, then Parker’s more conventionally told but still searingly impressive debut feature pushes the conversation further still: A biographical drama steeped equally in grace and horror, it builds to a brutal finale that will stir deep emotion and inevitable unease. (Justin Chang/Variety)
LE DEUXIÈME FILM DE LA SEMAINE
NOCTURNAL ANIMALS
Drame, thriller
Réalisateur: Tom FORD
Avec Amy Adams, Jake Gyllenhaal, Michael Shannon, Aaron Taylor-Johnson
Scénariste: Tom Ford
d'après le livre de Austin Wright
Directeur/Photo: Seamus McGarvey
Musique: Abel Korzeniowski
USA 2016, 117 minutes
Festival de Venise 2016: Grand Prix du Jury
Aaron Taylor-Johnson: Golden Globe meilleur acteur dans un second rôle dramatique
Galeriste réputée, Susan Morrow vit richement dans une splendide demeure de la côte ouest avec son conjoint, Hutton. Alors que ce dernier doit s’absenter pour affaires, Susan reçoit un colis intrigant. Une lettre de son premier mari, Edward Sheffield, accompagne un manuscrit qui lui est dédié : Nocturnal Animals. Profitant d’une période d’insomnie, elle entame la lecture du roman qui raconte la traque des responsables du meurtre d’une femme et de sa fille adolescente. L’histoire met en scène Bobby Andes, un policier tenace et Tony Hastings, l’époux et père en quête de justice. Susan se représente ce héros sous les traits d’Edward, ce qui remue en elle des souvenirs enfouis depuis longtemps et fait ressurgir un immense sentiment de culpabilité...(Résumé: Régie du Cinéma Québec)
Tom Ford, avant tout homme de mode, avait frappé un grand coup avec son premier film A SINGLE MAN, dont l'esthétique très travaillée avait envouté une grande partie du public des deux côtés de l'océan. Cette fois, il met son talent et son sens de l'image très travaillée au service d'un thriller qui se sert d'une histoire dans l'histoire pour happer les cinéphiles. Si la critique américaine a été un peu moins chaude que pour son premier film, la distribution fait quand-même espérer de très belles choses et de très fortes émotions.
Ford déroule le fil de sa narration en orfèvre, avec un soin particulier apporté au balancement entre sophistication et sauvagerie, au gré des cadres et décors. (Bande à part) La croyance de Ford en l'art, qu'il s'agisse de peinture, d'étoffes, de mots, ou d'images, est totale - totale au point même de pouvoir tuer. Et c'est ainsi que si la démonstration de force (formelle, narrative, interprétative...) peut agacer sur les bords, qu'importe. Car au coeur, elle fait mouche. (Les Inrocks) On a le sentiment d’un film bien joué, bien cadré, bien éclairé (tout le monde fait le job) qui serait atteint du même syndrome que l’héroïne, incapable de la moindre fragilité, de la moindre faille où pourrait s’engouffrer l’émotion. (Cahiers du Cinéma)
Tom Ford's first film since 'A Single Man' is another winner, an ambitious high-wire noir thriller with Amy Adams and Jake Gyllenhaal in an explosive tale of love, violence, and revenge. (Variety)
LE TROISIÈME FILM DE LA SEMAINE
THE HAPPIEST DAY IN THE LIFE OF OLLI MÄKI ****
Titre original: Hymyilevä Mies
Réalisateur: Juho KUOSMANEN
Avec Jarkko Lahti, Oona Airola, Eero Milonoff
Scénaristes: Juho Kuosmanen, Mikko Myllylahti
Directeur/Photo: Jani-Petteri Passi
Finlande/Allemagne/Suède 2016, 93 minutes
Cannes 2016, Prix Un Certain Regard
Pendant l'été 1962, en Finlande, Olli Mäki, jeune boxeur, prétend au titre de champion du monde poids plume. Pour ce faire, il doit affronter Davey Moore, son homologue américain, plus célèbre que lui sur la scène internationale. Pour Olli, c'est le moment décisif, et le sportif doit se concentrer sur son entraînement et sa perte de poids. Mais Olli passe de plus en plus de temps avec Raija. Celle qui était son amie de toujours est en train de devenir son amoureuse. Et cette romance pourrait bien affecter sa concentration lors de l'entraînement...
Tourné en noir et blanc (ce qui devient de plus en plus rare), cette comédie à l'humour et au charme typiquement finlandais a charmé le public de la section un certain Regard à Cannes, l'année dernière, et nous sommes également tombés sous le charme de ce petit boxeur venu de la province nordique qui rêve d'un titre de champion du monde de la boxe poids plume. De par sa désinvolture, OLLI MÄKI rappelle les premiers films d'un certain Andy Bausch. Quatre étoiles!
This year's Un Certain Regard champ, Juho Kuosmanen's tender, melancholic boxing biopic beguiles from start to Finnish. There are two kinds of underdog boxing drama: those that end in against-all-odds glory, and those that end, happily or otherwise, in upheld underdog status. Viewers who aren’t aficionados of Finnish fisticuffs could check the history books in advance to see where “The Happiest Day in the Life of Olli Mäki” fits in, but they hardly need to: A lyrical sense of bittersweet acceptance permeates freshman director Juho Kuosmanen’s marvelous sports biopic from its very first, perfectly composed frame. This vérité-style study of the eponymous fighter’s preparation for a home-turf title fight against a daunting American champ is less preoccupied with in-the-ring action than with the equally draining rigors of the publicity circuit. It punches its way into the upper ranks of cinematic pugilist portraits by virtue of its exquisite craft and a lead performance of heart-bruising melancholy by Jarkko Lahti. (Guy Lodge/Variety)
WHY HIM?
Comédie
Titre français (!) The Boyfirend - Pourquoi lui?
Réalisateur: John HAMBURG
Avec James Franco, Bryan Cranston, Megan Mulally
Scénaristes: John Hamburg, Ian Helfer
Directeur/photo: Kris Kachikis
Musique: Theodore Shapiro
USA 2016, 112 minutes
Stephanie Flemming invite sa famille à venir la rejoindre en Californie pour les célébrations de Noël. À peine arrivés, Ned, son père, Barbara, sa mère, et Scotty, son jeune frère, font la connaissance de son fiancé, Laird Mayhem. Devenu milliardaire grâce à l’Internet, celui-ci veut épouser Stephanie. Mais Ned voit d’un très mauvais œil ce mariage, car son futur gendre, excentrique et vulgaire, ne satisfait pas du tout à ses critères...(Résumé: Régie du Cinéma Québec)
Pas vraiment le cinéma que j'affectionne, puisque à la base de l'histoire, on trouve un de ces personnages hyper-vulgaires dont le jeune public est, paraît-il, de plus en plus friand. La bande-annonce a beau être drôle, elle démontre aussi la veulerie de James Franco dans un rôle qui "pourrait" être proche de la véritable personnalité d'un acteur que je n'aime guère. Cela dit, le critique en chef de Variety s'est amusé:
James Franco is very funny as a Silicon Valley bro in a meet-the-boyfriend comedy with Bryan Cranston as the fuddy-duddy dad. By now, James Franco has been cast as more flakes, stoners, and smiley scoundrels than you can count, and there’s a reason: He’s peerless at playing them. In “Why Him?,” a state-of-the-art case of a dumb, obvious concept comedy made in a smart, clever way, Bryan Cranston is the fuddy-duddy dad who learns that his beloved daughter, who is nearing the end of her four years at Stanford, is dating a dude who’s a vintage Franco prankster of outrage. Except that in this case, he’s not just another ne’er-do-well with a blissed-out idiot grin. He’s a Silicon Valley whiz kid — a wealthy and famous video-game inventor. So even though his personality is a goof, the joke carries a satirical kick. Franco gets more than a few chuckles out of playing a narcissist bro of the moment. (Owen Gleiberman/Variety)
THE BYE BYE MAN
Film d'épouvante
Réalisateur: Stacy TITLE
Avec Douglas Smith, Lucien Laviscount, Cressida Bonas
Scénariste: Jonathan Penner
d'après le livre de Robert Damon Schneck
Directeur/Photo: James Kniest
USA 2017, 96 minutes
Trois étudiants qui partagent une vieille maison pas très loin de l’université découvrent avec effroi qu’ils ont libéré sans le vouloir une créature maléfique en prononçant son nom. L’entité démoniaque (le Bye Bye Man) prend alors possession des pensées de ses victimes et les force à commettre des gestes meurtriers ou suicidaires. Pour se débarrasser de cette malédiction et éviter qu’elle ne se propage, il n’y a qu’une solution : ne pas dire son nom et ne pas y penser...(Résumé: Régie du Cinéma Québec)
Des producteurs des films Oculus et The Strangers, ce suspense d’épouvante est une adaptation d’un chapitre d’un roman de Robert Damon Schneck. Grâce à un montage efficace et à des effets sonores percutants, le récit, qui baigne dans un climat inquiétant, multiplie les occasions de faire sursauter le spectateur. Servie par des trucages à l’avenant, l’histoire évolue vers sa résolution non sans provoquer de nombreux accidents et affrontements sanglants. (Régie Québec)
Et, en avant-première, un film "Made in Luxembourg", dont nous vous proposons la bande-annonce!
Ainsi, que pour rappel, la bande-annonce de ELLE qui revient à Utopia après avoir remporté 2 Golden Globes, un comme meilleur film étranger et un autre pour Isabelle Huppert.
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