L'annus horribilis 2016 touche à sa fin, mais avec ce qui se trame de l'autre côté de l'Atlantique, 2017 risque d'être pire. Réjouissons-nous donc des belles choses de la vie, comme le cinéma et les bons films - aussi longtemps que ça dure. THE HANDMAIDEN/ MADEMOISELLE du cinéaste sud-coréen Park Chan-wook est un véritable chef d'oeuvre, ce dont témoigne déjà l'affiche magnifique - hélas, à Cannes, le jury est également passé à côté de celui-là. Par contre, PERSONAL SHOPPER d'Olivier Assayas, qui était également à Cannes, n'est pas du tout ma tasse de thé, mais il a eu le Prix de la Mise en scène - allez comprendre. ROGUE ONE (A Star Wars Story) de Gareth Edwards va casser la baraque, BALLERINA devrait charmer les petits et pour ce qui est du truc italien étrange, FUGA A REUMA PARK, Dieu seul sait où ils ont allés chercher celui-là! Allez, Noël dans quelques jours et les vacances et le soleil juste avant. Et je ne sais même pas s'il y a des cinémas à Tenerife! Jean-Pierre THILGES
THE HANDMAIDEN/AGASSI ****
Drame érotique, thriller
Titre français : Mademoiselle
Réalisateur: Park CHAN-wook
Avec Kim Min-Hee, Kim Tae-Ri, Ha Jung-Woo
Scénaristes: Park Chan-wook, Chung Seo-kyung
d'après le roman "Fingersmith" de Sarah Waters
Directeur/Photo: Chung Hoon-chung
Musique: Cho Young-wuk
Corée du Sud 2016, 145 minutes
Festival de Cannes 2016
Pendant les années 1930, dans une Corée sous domination japonaise, Sook-hee est engagée comme domestique au service d'Hideko, une héritière japonaise, qui vit dans un beau manoir, en pleine campagne, sous la domination de Kouzuki, son oncle tyrannique. Mais la jeune femme a un secret : pickpocket experte depuis l'enfance, elle a été embauchée par Fujiwara, un escroc qui se fait passer pour un comte japonais. Sook-hee est en effet chargée de l'aider à séduire Hideko afin de la faire interner et de la délester de sa fortune. Mais les sentiments s'en mêlent...(Résumé: Télérama)
Sans l'ombre d'un doute: AGASSI/THE HANDMAIDEN/MADEMOISELLE était le film le plus beau et le plus esthétique à Cannes cette année. Mais tout comme TONI ERDMANN de Maren Ade ou PATERSON de Jim Jarmusch, le jury dirigé par George Miller est passé à côté pour couronner l'honorable Ken Loach, qui n'en demandait pas tant. Nous sommes loin de la violence et de la démesure d'un OLD BOY, ici tout est beau, tout est feutré, tout est titillant, tout est subtil, tout est érotique, tout est tromperie. Un film certes un peu long, mais d'une beauté qui crève les yeux. Quatre étoiles!
"C'est "L'Empire des sens" dans les dentelles de "Downton Abbey" ! Park Chan-wook est un fétichiste de l'esthétique : les collections de chapeaux et de gants au nuancier délicat, une paire de boucles d'oreilles bleu saphir qui passe de lobe en lobe ou les lanières d'un corset deviennent des objets de culte. En revanche, la bibliothèque où le vieux sadique condamne sa nièce à lire des textes érotiques devant un parterre d'amateurs témoigne d'un autre fétichisme plus pervers. Moment jubilatoire, digne d'un opéra, où la servante et sa maîtresse mettent à sac ce temple de la perversion masculine !" (Télérama)
"Tout n’est que mise en scène et le grand ordonnateur suprême et magnifique n’est pas le Comte mais Park Chan-wook." (Positif)
"L'artisanat de Park Chan-wook atteint un degré inédit de sophistication visuelle et technique (...) et les filouteries narratives et esthétiques du cinéaste se sont muées en quelques choses d'enfin plus léger et facétieux. (...) Mademoiselle est cousu de fil blanc, et s'offre au spectateur comme un objet en premier lieu ludique et amusant, un film d'escroc et de faux-semblants parcouru d'érotisme." (Les Inrocks)
"Park Chan-wook's Korean interpretation of Sarah Waters' "Fingersmith" is clever, heady and sensually lavish to a fault. Boasting more tangled plots and bodies than an octopus has tentacles, South Korean auteur Park Chan-wook’s “The Handmaiden” is a bodice-ripper about a pickpocket who poses as a maid to swindle a sequestered heiress. His first Korean-language fiction feature since 2009’s “Thirst,” it’s sybaritic, cruel and luridly mesmerizing." (Variety)
ROGUE ONE - A STAR WARS STORY
Science-fiction
Réalisateur. Gareth EDWARDS
Avec Felicity Jones, Diego Luna, Ben Mendelsohn, Mads Mikkelsen, Foret Whitaker
Scénaristes: Chris Weitz, Tony Gilroy
Directeur/Photo: Greig Fraser
Musique: Michael Giacchino
USA 2016, 134 minutes
Enfant, Jyn Erso a vu son père, Galen, être enlevé par le directeur Orson Krennic qui oeuvre pour l'Empire. Des années plus tard, elle survit comme elle peut, enfermée dans les geôles de l'Empire. Elle est libérée par Cassian Andor, qui fait partie de la Rébellion. A bord de leur vaisseau amiral, Jyn découvre pourquoi elle a été secourue. Son père aurait dessiné les plans de l'Etoile noire, une arme de destruction que la Rébellion veut mettre hors d'état de nuire. Avec Cassian et d'autres rebelles, Jyn est envoyée pour une mission ultra-périlleuse : retrouver ces plans afin d'éviter le pire...(Résumé: Télérama)
La critique américaine a vu le film, mais les articles sont sous embargo jusqu'à demain mardi! ROGUE ONE - A STAR WARS STORY est la premier spin-off de la série depuis que les studios Disney ont racheté la franchise à George Lucas. Qu'il soit bon ou mauvais (ce que nous ne savons pas), le film va casser la baraque pendant les vacances de fin d'année, les ventes à l'avance ayant déjà crevé le plafond. Les réactions des fans après l'avant-première aux USA étaient enthousiastes, peut-être que c'est de bonne augure. On ira vérifier dès mercredi!
PERSONAL SHOPPER **
Thriller (paraît-il) fantastique
Réalisateur: Olivier ASSAYAS
Avec Kristen Stewart, Lars Eidinger, Sigrid Bouaziz,
Scénariste: Olivier Assayas
Directeur/Photo: Yorick Le Saux
France 2016, 110 minutes
Cannes 1016: Prix de la Mise en scène, ex-aequo avec BACCALAURÉAT de Cristian Mungiu
Maureen ne se remet pas de la perte de Lewis, son frère jumeau mort à Paris. Pour se rapprocher de lui, la jeune Américaine travaille dans la ville Lumière en tant que «personal shopper», elle s'occupe de la garde-robe d'une célébrité. Elle déteste ce métier futile qui lui sert uniquement à financer son séjour. Médium, Maureen attend une manifestation de l'esprit de Lewis. Ses amis, qui s'inquiètent, lui demandent de tourner la page. Un jour, elle reçoit d'étranges messages anonymes sur son téléphone portable. Les manifestations arrivent finalement une nuit, non sans provoquer l'effroi de la jeune femme...(Résumé: Télérama)
Bon, soyons honnêtes - je n'arrive pas à aimer Kristen Stewart qui, pour moi, a depuis toujours eu l'expression d'un canapé vide. Elle est certes belle, mais elle a tendance à me faire endormir en sursaut. Quant à Olivier Assayas, son cinéma cérébral et particulièrement léché (THE CLOUDS OF SILS MARIA était très beau) a tendance à me laisser de glace. Le film fut sifflé dans la séance de presse à Cannes, ce qui est peut-être une indication que la critique était pour le moins divisée. Et le fait que le jury décide de lui accorder le Prix de la Mise en scène (ex-aequo, en plus), n'a pas arrangé les choses. Ah oui, il y a des fantômes. Deux étoiles!
BALLERINA
Animation numérique
Réalisateurs: Eric SUMNER, Eric WARIN
Avec les voix de Camille Cottin, Malik Bentalha, Kaycie Chase, Magali Barney,
avec les voix originales de Elle Fanning, Dane DeHaan, Maddie Ziegler
Scénaristes: Carol Noble, Laurent Zeitoun, Eric Summer
Directeur/Photo: Jericca Cleland
Musique: Klaus Badelt
France/Canada 2016, 89 minutes
1879. Félicie, 10 ans et orpheline, quitte la Bretagne pour débarquer sans un sou à Paris où elle rêve de devenir danseuse étoile. Ne reculant devant aucune manigance, elle parvient à entrer comme petit rat à l'école de l'Opéra de Paris. Il ne lui reste plus qu'à se battre bec et ongle pour gravir les échelons dans le monde sournois et sans pitié des danseuses qui ne demandent qu'à la faire échouer...(Résumé:cinoche.com)
Le Paris de 1879 a été reconstitué avec une minutie et un sens du détail particuliers. Yann Zenou raconte : "C’est le résultat de la vision de Florent Masurel, notre directeur artistique. Il a littéralement vécu le Paris de cette époque : il a effectué pendant six mois un travail de recherches hallucinant, tant au niveau visuel que graphique. Pas une photo ne lui a échappé ; il s’est intéressé aux peintures, aux gravures, à la littérature ; il a digéré le contexte social et politique, étudié toutes les rues, tous les métiers. Avec en ligne de mire, la mutation que vivait alors la capitale sous l’impulsion du baron Haussmann qui commençait à élargir places et avenues". L'Opéra, construit un peu plus tôt, est particulièrement réussi : "Florent a retrouvé tous les plans d’origine dans les archives de l’Opéra. On a fait appel à des architectes indépendants qui ont recréé la structure du bâtiment pour ensuite la modéliser. Tout est modélisé dans le film : c’était un travail titanesque !", s'enthousiasme Laurent Zeitoun. (Extrait du dossier de presse)
FUGA DA REUMA PARK
Comédie
Réalisateurs: Aldo, Giovanni, Giacomo, Morgan BERTACCA
Avec Aldo, Giovanni, Giacomo, Silvana Fallisi, Salvatore Ficarra, Valentino Picone, Carlotta Natoli
Scénaristes: Aldo, Giovanni, Giacomo, Valerio Bariletti, Morgan Bertacca
Directeur/Photo: Giovanni Fiori Coltellaci
Musique: Mauro Pagani
Italie 2016, 90 minutes
On n'est pas sur la terre, mais sur la planète "Aldo Giovanni e Giacomo" dans 25 ans: ici tout est possible. Giacomo est dans une chaise roulante sous perfusion et joue avec un pistolet en jouet. Giacomo perd la mémoire et parle avec les pigeons (mais il n'a pas perdu sa passion pour les infirmières plantureuses). Aldo vient d'être abandonné par ses enfants le matin du jour de Noël. Ils se retrouvent tous les trois à Reuma Park, une maison de retraite improvisée à l'intérieur d'un Luna Park abandonné, où règne l'énergique Ludmilla, une infirmière russe taille XXL. La nuit de Noël, alors qu'à Reuma Park c'est la fête avec l'arrivée d'invités surprise, le trio recomposé met en scène une fuite rocambolesque à sons de pétards. Mais pour aller où? Giacomo a un rêve, Giovanni a une barque et Aldo a son enthousiasme légendaire. Sur la planète Aldo Giovanni et Giacomo tout est possible, même passer par le quartier des Navigli a Milan pour aller à Rio de Janeiro...(Résumé.cinebel.be)
Et la même chose en Italien: Non ci troviamo sulla Terra, ma sul pianeta Aldo Giovanni e Giacomo tra 25 anni: qui tutto può succedere. Giacomo è in sedia a rotelle, attaccato a flebo di Barbera e gira con una pistola giocattolo, Giovanni ha la memoria che fa cilecca e parla con i piccioni (ma non ha perso la passione per le procaci infermiere), Aldo viene abbandonato dai figli (Ficarra e Picone) proprio la mattina di Natale. Si ritrovano tutti lì, al Reuma Park, una casa di ricovero improvvisata all'interno di un Luna Park dismesso, dove imperversa l'energica Ludmilla, un'infermiera russa taglia XXL. Arresi? Perduti? Tutt'altro: la notte di Natale, mentre al Reuma Park si fa festa con ospiti a sorpresa, musica, tombolata e panettone, il trio ricomposto mette in atto una rocambolesca fuga a suon di petardi. Verso dove? Giacomo ha un sogno, Giovanni ha una barca e Aldo ha il solito travolgente entusiasmo. Sul pianeta Aldo Giovanni e Giacomo tutto può accadere, anche imboccare i Navigli di Milano per raggiungere Rio de Janeiro. (Résumé: comingsoon.it)
Ce truc dingue sort de nulle part (en fait, il vient d'Italie) et il arrive sur les écrans luxembourgeois le jour même de sa sortie italienne. Je ne sais donc pas quoi vous raconter de plus. Regardez la bande-annonce ci-dessous, ça devrait vous donner envie de voir le film. Ou non! Ma décision est déjà prise...
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